L'histoire de la forêt de Retz à travers ses bornes

Une forêt usagère

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Bornes limitant le terroir de la commune de Vivières

Droits d’usage et accès au bois

Jusqu’à la Révolution, et parfois même après, les habitants des villages voisins, mais aussi certaines communautés ecclésiastiques (abbayes, hôpitaux) et certains nobles peuvent bénéficier de droits spécifiques d’accès au bois, appelés droits d’usage. Au XVIIe siècle, 12 communautés ecclésiastiques, 12 seigneurs et membres de la noblesse, et 44 communautés d’habitants profitent de ces droits. Ces droits sont très anciens. Ils ont généralement été accordés par les comtes de Valois, aux XIe-XIIe siècles, ou par les rois de France, aux XIIIe et XIVe siècle. La particularité de ces droits, par rapport aux forêts voisines, est qu’ils sont payants. Ils sont soumis à une redevance annuelle, en argent ou en nature, encore exigée à la fin du XVIIIe siècle.

Derrière la grande variété des usages peuvent se dégager deux grands types de droits. On distingue les « petits usagers » des « grands usagers ».

Les « grands usagers » possèdent le plus souvent le droit de prélever le « bois mort gisant », c’est-à-dire les arbres morts tombés à terre, le « mort-bois », c’est-à-dire les arbustes et les arbrisseaux, le bois sec « en estant », c’est-à-dire sur pied, et le bois vert versé, c’est-à-dire les chablis, parfois dans toute la forêt. S’ajoutent généralement à ces droits le droit de pâturage pour les vaches et les chevaux. Il faut donc imaginer une forêt intensément parcourue, par les habitants et leurs troupeaux.

Les « petits usagers » n’ont généralement accès qu’au bois mort gisant et au mort-bois, converti en une petite quantité de bois-bûche à partir de 1672. Contrairement à d’autres forêts, les habitants des villages voisins ne semblent par contre pas avoir le droit de mener leurs porcs en forêt. Il est possible que ce droit ait été loué annuellement à de grands fermiers.

Dans ces conditions, le bornage est là pour marquer plus clairement les limites entre l’espace agraire et l’espace forestier, en facilitant le contrôle des gardes. Il s’agit de signifier l’étendue des droits, en imposant la norme juridique à toutes les communautés voisines.

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Carte des usages