L'histoire de la forêt de Retz à travers ses bornes

La complexité des structures de propriété

Propriété royale, apanages et tréfonds

L’histoire du bornage traduit bien la complexité des structures de propriété propres à la forêt de Villers-Cotterêts.

Une propriété royale

Les différents bornages cherchent d’abord à délimiter la propriété des comtes de Valois, puis des rois de France et des ducs d’Orléans. Au milieu du Moyen Age, la forêt de Retz appartient aux comtes de Valois. Le roi Philippe II Auguste impose sa suzeraineté au comté de Valois en 1185. En 1214, après le décès d’Aliénor, dame de Valois, la forêt est annexée au domaine royal.

Un apanage

Mais le Valois est à plusieurs reprise distrait du domaine royal et donné en apanage. Les apanages sont des domaines royaux confiés à des fils puinés de la couronne, c’est-à-dire aux frères des rois. A partir de la fin du XIVe siècle, il devient habituel de donner le duché de Valois en apanage aux ducs d’Orléans, frères des rois de France, ou à leurs héritiers. Entre 1630 et 1830, le domaine reste durablement en possession de la maison d’Orléans, si l’on exclut la période de 1791 à 1814, où il revient au domaine national. En 1830, la forêt de Retz redevient une forêt royale, avec l’accession au trône du roi Louis-Philippe. Elle devient forêt domaniale à l’avènement de la IIe République, en 1848.

Les tréfonds

L’originalité de la forêt de Retz est de faire aussi l’objet de droits de tréfonds. Ces droits ont probablement été accordés à des communautés ecclésiastiques ainsi qu’à des seigneurs laïcs par les comptes de Valois, aux XIe-XIIe siècles.

Les tréfonciers bénéficient de droits importants. Certains peuvent avoir accès au bois vert, pour leur usage particulier, ainsi qu’au pâturage, le roi n’étant propriétaire que du sol. La plupart bénéficient seulement du tiers du prix de vente des coupes ordonnées par les agents du roi. En contrepartie, ils ne peuvent donner, vendre ou défricher leur bois sans autorisation.

En 1672, 28 % de la surface est encore sous tréfonds, sur 17 parcelles. Les principaux tréfonciers sont :

  • des abbés : de Valsery, de Longpont, de Saint-Médard de Soissons, de Saint-Rémy et Saint-Georges de Villers-Cotterêts ;
  • les seigneurs : du Plessis-aux-Bois, d’Ormoy-le-Davien, d’Antilly et de Montgobert, qui possèdent des droits sur plus de 6503 arpents (3363 ha).

Ces droits sont abolis sous la Révolution.

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Carte des tréfonds

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Borne gravée d'un "L" du clos de Longpont

Les plus belles bornes de la forêt de Retz délimitent les tréfonds. Elles sont souvent gravées, avec parfois une fleur de lis du côté de la forêt royale, et une lettre du côté du tréfonds :

  • « L » pour le clos de Longpont,
  • « C » pour le tréfonds du Champ Mentard,
  • « V » pour celui de Vivières,
  • « M » pour celui de Saint-Médard, etc.

Elles pourraient remonter à l’époque médiévale.