L'histoire de la forêt de Retz à travers ses bornes

Une forêt de lisières

Défrichements et clairières

La forêt de Retz présente une forme originale, « en fer à cheval ». La carte du massif témoigne de l’ouverture de multiples clairières, parfois habitées (plaine de Fleury, de Dampleux, d’Oigny-en-Valois , d’Ivors, de Châvres), parfois seulement cultivées (le Champ Mentard). De cette forme très découpée résulte un important linéaire de lisières : plus de 320 km !

Les lisières correspondent à ce que les scientifiques appellent un écotone. Il s’agit d’une zone de transition entre deux écosystèmes, très riche en biodiversité.

defrichement_finale.tif

Carte de la forêt de Retz avec localisation des clairières et des toponymes de défrichement

IMG_6335.JPEG

Vestiges de l'église abbatiale de Longpont

Cette forme témoigne de l’intensité des défrichements. Les entreprises sur l’espace forestier semblent très anciennes. Il est probable que la majorité des défrichements remonte au cœur du Moyen Age, au temps des comtes de Valois (XIe-XIIe siècle). Cette période correspond notamment à la phase d’implantation de grands établissements ecclésiastiques : abbaye Notre-Dame de Valsery (1124), abbaye Notre-Dame de Longpont (1131), abbaye Notre-Dame de Lieu Restauré (1138), abbaye de Vez (1160). Mais les communautés d’habitants et leurs seigneurs ont pu aussi participer à ces déboisements. A partir de 1214, le roi Philippe Auguste lance de grandes enquêtes qui visent à limiter ces appropriations parfois illicites. Les premiers bornages pourraient remonter à cette période, notamment les bornes de tréfonds.

La surface de la forêt semble globalement stabilisée à la fin du Moyen Age. Dans le détail, on remarque cependant que certaines parcelles défrichées ont pu être réincorporées à la forêt au cours des siècles suivants, notamment aux XVIIe et XVIIIe siècle. On rencontre donc parfois en pleine forêt d’anciennes bornes qui témoignent des limites de parcelles agricoles aujourd’hui reboisées.