Démuin (Somme), la fouille préventive au lieu-dit « le Village »

Les artefacts en os travaillé

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Broche de tisserand

Le corpus relatif au travail de l’os est composé en grande majorité, d’objets finis du quotidien répartis dans quatre domaines.

Les outils du textile

Les outils du textile (broches et de poinçons) représentent 68,96 % du lot. Ces objets oblongs sont de formes simples, généralement de section plus ou moins ovalaire et plus rarement circulaire. Des exemplaires ont des extrémités spatulées (diaphyse). Parfois ces accessoires possèdent sur le fût des traces de facettage au couteau. Certains poinçons sont pourvus d’un décor incisé sur une seule face. Plusieurs espaces (US 1256, 1407 et 1633 ; fond de cabane 1560) ont été déterminées comme étant des ateliers textiles. La fonction est identifiée avec certitude par la présence dans ces contextes de plusieurs broches, associées à d’autres éléments irrémédiablement liés à l’activité textile : pesons (OI 311, OI 312, OI 316, OI 317, OI 318, OI), de fusaïoles en pierre et d’un lissoir en verre (OI 354).

Les éléments d’emmanchement

Il s’agit de deux individus, respectivement d’un manche à semelle plate d’ustensile rivetée et d’un manche monobloc de couteau (OI 277). Ce dernier élément est remarquable. Le manche a été tourné et la cavité naturelle a permis l’enfoncement de la soie métallique de forme quadrangulaire, celle-ci est encore conservée. Le corps possède un décor de motifs géométriques simples, composés de deux ensembles de lignes d’incisions parallèles (deux groupes de trois rainures comprenant deux autres rainures centrales).

Les ébauches d’éléments d’un mécanisme de détente d’arbalète

La fouille a permis de mettre au jour deux longs fragments de plus de 26 cm et plats de section rectangulaire, prenant une forme légèrement serpentée (OI n° 258). Des stigmates de fabrication ou d’utilisation sont visibles sur un côté, le côté opposé présente un aspect lisse (polissage). Cet élément est dépourvu de fixation. La forme et la section rectangulaire de ces deux placages sont caractéristiques des clefs de détente d’arbalète à noix circulaire. Réalisées généralement en bois de cervidés, les clefs de détente d’arbalète se composent de deux placages symétriquement similaires, rivetés l’un à l’autre. La détente pressée faisait alors basculer la noix sur son axe de rotation, libérant ainsi la corde et décochant du même geste le carreau. L’absence de perforation et de rivets sur ces deux exemplaires montre qu’il s’agit d’éléments préparatoires à la réalisation d’un tel mécanisme.

Sur le plan de la répartition des objets, on observe une nette sur-représentativité des artefacts provenant de contextes datés du Xe-XIe siècle (niveaux les plus anciens). Certains éléments témoignent d’un mobilier d’appartenance à un milieu social privilégié.

Pour aller plus loin :

  • Sandrine Mouny, « Le lot d’artefacts en os travaillé », Démuin « Le Village », rapport final d’opération, fouille archéologique préventive, Autour du château médiéval, IXe-XVIe siècle (coord. Richard Jonvel), Université de Picardie Jules Verne, UnivArchéo, 2014, vol. 1, pp. 197-199.