Démuin (Somme), la fouille préventive au lieu-dit « le Village »

Le mobilier céramique

Le corpus du mobilier céramique retrouvé sur le site de Démuin est fragmentaire mais dans un état de conservation correcte.

La céramique en quelques chiffres :

- 14 207 tessons (ce qui correspond à 993 individus répartis dans 292 contextes)

- 1070 fragments portent un décor (7,53 %)

- 152 kg

- 18 pots archéologiquement complets remontés

Les groupes techniques

L’approvisionnement de l’habitat de Démuin semble essentiellement régional, voire même local.

Parmi les 14 catégories céramiques, trois productions ont été retrouvées de façon dominante :

  • les pâtes claires sableuses (26,67 %), pouvant se rapprocher des fabrications de la partie orientale de la Somme et du Noyonnais
  • les céramiques du Beauvaisis (25,22 %) avec parmi ces dernières, des céramiques peintes, des grès, des terres cuites vernissées et des céramiques dite à sgraffiato, une technique décorative de la céramique.
  • une production de teinte rouge orangée (23 %), certainement en liaison avec les fabrications occidentales de la Somme.

L’importance de ces productions ne surprend pas et reflète les productions traditionnelles connues dans la région.

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Oule

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Cruche de grand volume (Haut Moyen Âge, US 1227)

Analyse et datation

L’examen du mobilier céramique réalisé par contexte a permis des regroupements qui ont conduit à l’établissement de quatre grandes phases chronologiques (non équivalentes dans le temps ni dans la quantité du mobilier céramique) :

L’analyse a permis d’identifier la céramique :

  • de l’habitat agricole (IXe - début XIIe siècle). Il s’agit de la période pour lequel le lot de céramique est de loin le plus important (79,57%). Il provient de structures fossoyées (fonds de cabanes, silos, fosses) et de divers aménagements constitués de poteaux. Bien que très fragmentaire, ce lot est relativement homogène et présente 27 formes reconstituées. La densité du mobilier retrouvé, en comparaison avec les quantifications recueillies dans divers autres sites ruraux, tend à indiquer une occupation domestique intense et pérenne, au moins jusqu’aux dernières décennies du XIe siècle.
  • du site fortifié (début XIIe - première moitié XIIIe siècle). Le lot regroupe un mobilier céramique encore abondant et très diversifié, qui semble correspondre à une phase d’utilisation de grandes structures excavées puis à leur abandon. Par apport à la phase précédente, cette période est caractérisée par un déclin des activités et un recul de l’occupation.
  • de l’ensemble castral (début XIIIe - moitié XVe siècle) : il s’agit d’un lot plus hétérogène que celui des phases précédentes et très fragmentaire (11,82%).
  • de la phase finale qui correspond aux transformations à l’époque moderne (fin XVe- XVIIIe siècle). Il s’agit d’un lot peu représenté (4,68%), très fragmenté et disparate.

Pour aller plus loin :

Sandrine Mouny, avec la collaboration de David Brugnon « Le mobilier céramique », Démuin « Le Village », rapport final d’opération, fouille archéologique préventive, Autour du château médiéval, IXe-XVIe siècle (coord. Richard Jonvel), Université de Picardie Jules Verne, UnivArchéo, 2014, vol. 1, pp. 157-188.

Le réseau iceramm, Information sur la CÉRAmique Médiévale et Moderne https://iceramm.huma-num.fr