Démuin (Somme), la fouille préventive au lieu-dit « le Village »

Numismatique

D020.jpg

Obole semi-bractéate

XIe siècle

Répartition (par dénominations et valeurs)

Le lot de pièces se composent de 57 éléments. Sans surprise, selon la règle habituelle pour les trouvailles de fouilles, on constate la prédominance des petites valeurs (pertes). Ainsi on relève l’abondance des monnaies de cuivre dès qu'elles sont en circulation (bronzes antiques, doubles tournois de cuivre à partir de 1577) mais aussi de pièces sans valeur monétaire comme les méreaux de plomb et les jetons de cuivre.

Pour le XIe siècle, on compte autant d'oboles (2) que de deniers (2), et on trouve encore des pièces de faible valeur pour les monnaies du XIIIe siècle (une obole) et du XIVe siècle. Un cokibus proche du cuivre (titre légal de 7 %) et deux doubles tournois correspondent aux émissions altérées des affaiblissements qui ont marqué la monnaie royale. La seule originalité, relative, est la présence exclusive pour le XIIe siècle de deniers relativement abondants (6) dont la teneur en argent est encore significative.

Pas de monnaies d'argent ensuite et seulement un quinzain de billon de Louis XIV.

D011.jpg

Nummus de Constantinien

IVe siècle

 Les monnaies antiques

Leur répartition sur divers contextes sur l'ensemble du site tend à les faire interpréter comme résiduelles. Il y a un groupement dans un même contexte de 2 pièces constantiniennes (aire III, US 1161) dont une imitation de module réduit mais elles sont aussi associées à une monnaie de Philippe IV, comme une monnaie du IVe siècle avec un jeton du XIVe siècle également (aire III, US 1490), ce qui s'accorde mieux avec des pièces en position secondaire.

La répartition chronologique ne montre pas de groupements chronologiques significatifs. Il s'agit le plus souvent des plus petites espèces en circulation. L’As au Ier siècle, antoniniens d'imitation au IIIe siècle, nummi du IVe siècle et les deux sesterces du IIe siècle et au IIIe siècle sont la monnaie de base de la circulation monétaire jusqu'à la dévaluation de l'antoninien (même si la pièce de Commode apparaît relativement peu usée).

D003.jpg

Obole tournois à l'O rond

XIIIe-XIVe siècle

Les monnaies médiévales et modernes

Les monnaies médiévales se concentrent sur les XIe-XIIe siècles, avec une pièce incertaine, deux oboles non attribuées (sinon inédites) mais qui partagent la caractéristique technique d'être unifaces avec les oboles contemporaines d'Amiens (d'un type différent), ce qui renforce la probabilité qu'il s'agisse de pièces régionales.

Il y a également un denier d'Amiens, un denier de Troyes de Thibaud (1122-1152), trois deniers de l'évêque de Meaux Burcard (1120-1134) et un denier de Louis VI (ou Louis VII) de Montreuil, ce qui marque une certaine concentration de pièces du second quart du XIIe siècle avec un denier tournois probablement plus tardif dans le siècle. Les pièces sont issues de zones et de contextes différents sur le site (avec seulement deux pièces de Meaux associées dans un même contexte) et constituent un pic "d'activité monétaire" sur le site.

L'origine géographique des pièces correspond en partie à ce que reflètent les trésors picards du début du XIIe siècle (Amiens, Montreuil). La proportion des monnaies de Champagne est en général moins marquée dans les trésors mais les monnaies du site de Boves indiquent la même tendance. En dehors de l'atelier de Montreuil-sur-Mer, les monnaies royales ne deviennent abondantes qu'à partir de la fin du XIIe siècle.

À partir du XIIIe-XIVe siècles, on constate d’une part, une majorité de jetons et méreaux si on part du XIIIe siècle (2 méreaux attribués au XIIIe siècle par commodité car ces objets pouvaient servir de tickets et de bons de paiement sur des chantiers dès cette période), 8 pièces sur 13 du XIIIe au XVIe siècle, mais 1 sur 12 à partir du XVIIe siècle. D’autre part, une majorité de pièces issues du contexte 1158 et hors contexte, en particulier pour les plus récentes : les 2 pièces du XXe et du XVIIIe siècle, le quinzain de 1692 de Louis XIV et un des deux liards, ce qui ramène l'arc chronologique de pièces en contexte au milieu du XVIIe siècle avec parmi celles-ci la moitié des pièces issues du seul contexte 1158.

Les jetons à partir du XIVe sont de Tournai, surtout dans 1158 et mêlés avec des pièces plus récentes. Un jeton dans le fossé 1490 se retrouve avec une monnaie du IVe siècle. Ceux du XVIe –XVIIe sont au type impérial de Nuremberg.

Les seules monnaies de la période XIIIe-XVIe siècles, jusqu'à l'apparition des monnaies de cuivre, sont concentrées au tournant des XIIIe-XIVe siècle, à l'époque de Philippe le Bel. On compte une obole, un double, un cokibus, plus un double de Philippe VI de 1349.

Pour aller plus loin :

  • Marc Bompaire, « Numismatique », Démuin « Le Village », rapport final d’opération, fouille archéologique préventive, Autour du château médiéval, IXe-XVIe siècle (coord. Richard Jonvel), Université de Picardie Jules Verne, UnivArchéo, 2014, vol. 1, pp. 251-253.