Statut : MCF
Disciplines
Sociologie, Anthropologie
Institution(s) de rattachement
UPJV / CURAPP-ESS Chercheuse associée aux LMI MACOTER, CESSP
Membre de l’Institut Convergences Migrations
Coordonnées professionnelles
Axes de recherche
- Mouvements migratoires Mali / France / Côte d’Ivoire (impact du contexte migratoire sur les
rapports sociaux dans le pays de départ, liens et investissements des migrant.e.s installé.e.s en
France dans leur pays natal, impact des processus migratoires sur le genre, monétarisation des
rapports sociaux, migrations de retour, relations intergénérationnelles dans un contexte migratoire)
- Rapports de genre (division sexuelle de l’espace, division sexuelle du travail, construction des
catégories de sexe, socialisation sexuée, travail social sur le corps, GBV)
- Rapports sociaux de race, l’ethnicisation des rapports de genre
Migrantes, du bassin du fleuve Sénégal aux rives de la Seine
Paris: éditions La Dispute

L’air de la France rend-il libre ? A cette image d’Epinal de la migration féminine, ce livre répond par une enquête méthodique et multisituée, attentive à la trajectoire des femmes originaires de zones rurales du Mali qui ont immigré en France et qui résident actuellement dans la région parisienne.
Les hommes et femmes des villages du bassin du fleuve Sénégal s’inscrivent de longue date dans des mouvements de circulations géographiques. La migration est ici une composante à part entière des fonctionnements sociaux, et les femmes sont au cœur de ces logiques de redistribution de la main d’œuvre au sein de familles élargies transnationales.
L’observation de la réalité sociale de ces femmes aussi bien en France que lors de leurs séjours au Mali révèle que le genre est une question de lieux. On n’est pas femme de la même façon selon l’endroit où l’on se situe et celui auquel on est associé. Considérées comme ‘Françaises’ pour celles et ceux qui sont restés au Mali, traitées en ‘Africaines’ en France, ces migrantes font face en permanence à des représentations qui n’induisent pas les mêmes contraintes ni les mêmes marges de manœuvre, voire qui s’opposent. Des appartenances ambiguës qui deviennent contradictoires sous l’effet croisé des politiques migratoires, de l’agenda géopolitique international instrumentalisant la cause des femmes, et des attentes des hommes et des aînés (hommes et femmes) de la famille.
Reléguée à une position d’« accompagnatrices » aussi bien par les stratégies familiales que par les politiques migratoires françaises, ces femmes migrantes se révèlent pourtant bien plus tacticiennes que ce statut ne le laisse penser. Se marier avec un migrant, c’est tenter d’échapper au piège de l’exploitation familiale – au risque de tomber dans d’autres exploitations. Car être l’une de celles qui sont parties est une distinction qui s’accompagne de privilèges : disposer d’une liberté plus grande quant aux rôles de genre, mais aussi être en mesure d’exploiter d’autres femmes.
Migration égale émancipation ? Non. Une telle équation flatte l’image du pays hôte, mais n’est guère fidèle à la réalité. La migration, en effet, ouvre un nouvel espace et de nouvelles marges de manœuvres aux femmes, mais constitue un terrain propice à des logiques de dominations qui lient l’ensemble des membres des sociétés désormais transnationales. La réalité, plus incertaine, plus contestée, se négocie dans les rapports de pouvoirs quotidiens entre un ici et un là-bas irrémédiablement entrelacés.
Pour accompagner la découverte d’un univers social potentiellement peu familier aux lecteurs et lectrices, j’ai choisi d’illustrer mon propos par des dessins inspirés de photographies de mon journal de terrain et réalisés par l’artiste Aline Planet. Ils matérialisent les lieux et une partie des scènes de vie rencontrées, tout en préservant l’anonymat des personnes.
Projets en cours
IRMA Intergenerational Relationships and Migration in Africa: West African female migrations / Rapports intergénérationnels dans un contexte migratoire : le cas des migrantes Ouest africaines – en coopération avec Sandrine Mesplé-Somps & Bjorn Nillson.
NIMIK (New insights into migrations in Kayes) Detailed presentation of the NIMIK project in English Nouvelles perspectives sur les migrations dans et depuis la région de Kayes Projet financé par la coopération suédoise, piloté par l’IRD (2018-2019) L’objectif du projet NIMIK est d’identifier l’émergence de nouveaux phénomènes migratoires à partir d’enquêtes sur la région de Kayes. La mobilité vers d’autres pays d’Afrique et d’autres destinations, notamment l’Europe, depuis cette région a fait l’objet de nombreux travaux dont il s’agira de faire un bilan critique. Ces travaux permettent d’approcher les phénomènes migratoires avec une profondeur historique particulière, et on s’attachera à déceler à partir de ce terrain singulier les changements en cours. Sur une durée de deux ans, le projet réunit une équipe d’une dizaine de chercheuses et de chercheurs, économistes, statisticiens, géographes, sociologistes et anthropologues, basés en France et au Mali. La pluridisciplinarité permettra de réfléchir à l’articulation des motivations sociales, économiques, politiques et climatiques dans les projets de départ et, éventuellement, de retours. Le projet NIMIK est structuré autour de trois thèmes. Le premier coordonné par Sandrine Mesplé-Somps (IRD, UMR DIAL), a pour objet de dresser un bilan de la dynamique actuelle des migrations au Mali, notamment en matière de genre et d’étudier les aspirations nouvelles à migrer. Avec notamment l’appui de Björn Nilsson (économiste, post-doc), cet axe mobilisera des enquêtes statistiques existantes et mettra en place une enquête originale auprès de jeunes maliens sur leurs aspirations au départ. Le deuxième est coordonné par Nehara Feldman (anthropologue, Université de Picardie) associée à Aïssatou Mbodj-Pouye (anthropologue, CNRS IMAF, Paris et Point Sud, Bamako) et Joanne Le Bars (géographe, post-doc) ; il examinera les dynamiques familiales liées à la migration et s’intéressera à l’émergence possible de nouvelles configurations migratoires, notamment la migration autonome des femmes. Le troisième, coordonné par Stéphanie Lima (LMI Movida et Université de Toulouse) et auquel est associée Hawa Coulibaly (géographe, post-doc, LMI MACOTER et UMR CESSMA), étudie les interrelations entre les migrations internationales et la gouvernance locale dans la région de Kayes. Outre les trois post-doctorants cités, seront impliqués dans le projet un doctorant du LMI MACOTER, deux étudiants boursiers de Point Sud, Bamako, Mariam Sissoko et Mbaré Fofana et une étudiante en master de l’Université de Picardie, Nassima Guilal. Ce programme est financé par la coopération suédoise pour un montant de 440 000€.
Responsabilités pédagogiques / scientifiques
Co-responsable de la L1 Sociologie Ethnologie Démographie, à l’UPJV
Co-responsable de l’axe de recherche Frontières
Publications
Ouvrages
- Feldman N., Lima S. Mesplé-Somps S.. (dir.) Migration processes and social and political dynamics in Kayes Region, Mali: New insights into new trends, mimeo Mars 2020, 227 p.
- Migrantes : du bassin du fleuve Sénégal aux rives de la Seine, Paris : La Dispute, coll. Le Genre du Monde, 2018, 210 p.
- Thèse en sociologie Migrations de l’oppression : rapports sociaux de sexe et divisions du groupe des femmes au sein d’un segment de lignage originaire de la région de Kayes (Mali), Paris : EHESS, 2009, 540 p.
Articles dans des revues scientifiques



« L’ethnicisation des rapports de genre : les fonctions ambivalentes des femmes dans une association d’immigrés maliens », Migrations Société, vol. 17, n° 99-100, mai – août 2005, pp. 107-118.
Chapitres d’ouvrages
« Saisir l’invisible : recueillir les récits migratoires de femmes à Bamako et Abidjan », in, KNÜFER A. & DUCOURNAU C. (dir.), Démasculiniser les sciences humaines et sociales, Lyon : ENS édition, à paraître.

« Observer les rapports sociaux de sexe. Retour sur une enquête anthropologique inspirée par les travaux de Nicole-Claude Mathieu » in BOURQUE Dominique et COULOMBE Johanne (dir.) Penser « L’arraisonnement des femmes » : Vivre en Résistance, Nicole-Claude Mathieu (1937-2014), Montréal : Les éditions sans fin, 2017, pp. 203-233.

“Being Seen As a White Woman : fieldwork in Mali” (in Hebrew) in Ruth Ginio, Noa Levy and Lynn Schler, The Field In Africa: Experiences of Research and the Construction of Knowledge, Haifa: Pardes, 2016, pp. 49-66.


Compte-rendus de lecture et notes critiques
- Avec Joanne Le Bars, « Ophélie Rillon et Emmanuelle Bouilly (dir.), « Femmes africaines et mobilisations collectives (années 1940-1970) » », Genre & Histoire [En ligne], 20 | Automne 2017, mis en ligne le 01 décembre 2017, consulté le 13 avril 2018.
- « Christelle Avril, Les aides à domicile. Un autre monde populaire », Travail et Emploi, 145 | 2016, pp. 197-199
Communications
(une sélection)
- « ‘Le rappel à l’ordre’ : discussion de la violence domestique dans un village de la région de Kayes et auprès de ses ressortissant.e.s à Bamako », intervention dans « Mesurer et observer les violences de genre et de conflit dans les pays en voie de développement », workshop organisé par DIAL / IRD, Université de Paris Dauphine, 10-11 mars 2020.
- « Raconter l’invisible : quand les femmes racontent leur migration », dans « Récits et débats locaux sur la migration. Dits et non-dits de l’expérience du départ et du retour », atelier organisé à Point Sud, Bamako, Mali, 2-6 octobre 2019.
- « Le corps des femmes : un enjeu au sein des rapports sociaux de sexe », intervention au colloque « Penser la (dé)naturalisation de la race et du sexe : actualité de Colette Guillaumin», 21-23 juin 2019 Université d’Ottawa, Canada.
- « Quand la chercheuse est une parente ‘fictive’ : enquêter au sein de familles au Mali et dans le contexte migratoire en France », intervention dans le Colloque « La Famille, objet d’enquêtes », 17 et 18 septembre 2019, UPJV, Amiens.
- « La position sociale des émigrées dans leur pays de départ (Mali) et dans le pays d’accueil (France) – une ambigüité ? », intervention dans la journée d’étude organisée par LPED/ IRD, Femmes, enfants et adolescents migrants en Afrique : Discussion de l’autonomie en situation migratoire, 12 avril 2013, Université Aix/ Marseille.
- « Les violences au sein d’une unité domestique dans un village malien : où passe la frontière entre le légitime et l’inacceptable ? », Colloque Femmes, féminisme, recherches, 30 ans après, 14-15 décembre 2012, Université de Toulouse II Le Mirail & Ecole supérieure de commerce de Toulouse.
- « Les usages sexués de l’argent dans un contexte migratoire », intervention au séminaire international et interdisciplinaire de Dynamiques Rurales et du LISST, le 28 mars 2011, Université de Toulouse Le Mirail.
- « Les logiques sexuées des mobilités géographiques », intervention au séminaire Migrations féminines en Afrique dirigé par Klaus Hamberger et Véronique Hertrich, le 17 mars 2011, à l’EHESS Paris.
- « Rapports sociaux de sexe et divisions du groupe des femmes dans un contexte migratoire (Mali/France) », intervention au séminaire Les rapports sociaux de sexe : concepts, méthodes, terrains : Penser les classes de sexe à l’éclairage des interférences de rapports sociaux dirigé par Anne-Marie Devreux, le 8 mars 2011 au CRESPPA-CSU.
- « Le travail social sur le corps de femmes comme révélateur des rapports de pouvoir entre les sexes : l’exemple d’une société originaire de la région de Kayes (Mali) », intervention dans la journée d’hommage à Mme Francine Muel-Dreyfus organisée le 28 septembre 2009 par le Centre de Sociologie Européenne à la Maison de l’Homme, Paris.
- « Les concepts féministes à l’épreuve d’un terrain africain », communication au colloque Le travail comme outil de libération des femmes, organisé par Nouvelles Questions Féministes, 21 avril 2007, Université de Lausanne.
- “The Gendered Division of Space in A Migratory Context”, communication au colloque international African Diasporas: Flows across Time and Place, mai 2006, Hebrew University and Tel-Aviv University, Israël.
- « Le concept de genre est-il pertinent comme outil d’analyse dans la recherche anthropologique », communication aux journées d’études interdisciplinaires, Le genre à quoi ça sert ? Usages potentiels et limites des concepts « masculin / féminin » dans les sciences sociales, 17-18 janvier 2005, organisées à l’EHESS Paris.
Animation de la recherche
- Co-responsable de l’axe Frontières au sein du CURAPP-ESS (UMR 7319)
- Depuis 2018, l’animation de l’atelier du travail sur les migrations internationales au sein du CURAPP-ESS.
- Membre du comité de rédaction de la revue Anthropologie et Développement
- Février 2018 – décembre 2019 : Coordinatrice de l’axe « Genre et dynamiques familiales » de l’étude NIMIK (New insights into migrations in Kayes) Nouvelles perspectives sur les migrations dans et depuis la région de Kayes financé par la coopération suédoise et piloté par l’IRD
- Co-organisatrice avec Frédéric Ballière, Nathalie Devèze, Nassima Guilal et Kelly Poulet du colloque international et interdisciplinaire « De l’émigration empêchée à l’immigration piégée, les migrations sous contraintes », 20-21 novembre 2018, UPJV, Amiens.
- Evaluation des articles pour les revues suivantes : Actes de la recherche en sciences sociales, Autrepart, la Revue d’Anthropologie des Connaissances, Recherches féministes, Cahiers d’études africaines
Enseignements
L1 Sciences sociales: Genre et Société
L2 Sciences sociales: Terrains anthropologiques contemporains – l’anthropologie féministe
L3 Sciences sociales: Auteurs contemporains 1: Approcher sociologiquement le racisme et les processus de racialisation
L3 Sciences sociales: Anthropologie du développement
L3 Sciences sociales: Questions internationales
M1 Sciences sociales: L’ethnographie en sciences sociales
M1 Sciences sociales : Inégalités sociales, genre, domination, politique
M2 Ingénierie des politiques de l’emploi et de l’innovation sociales: Dispositifs de lutte contre les discriminations
Master Intervention et développement social: sociologie des migrations internationales, politiques
migratoires
Direction de thèses / thèse soutenue
KEYHANI Behrouz, « Entraide, informalisation du travail et travail illicite en milieux populaires immigrés. Le cas de l’immigration afghane en France ». Thèse de science politique en préparation sous la direction d’Alexis Spire et Nehara Feldman.
BALLIERE Frédéric, « L’ Entre-mondes de l’aide aux déboutés. Une recomposition de l’assistance aux marges de l’État. » sous la direction de Pierre-Yves Baudot et Nehara Feldman. Thèse de sociologie soutenue le 26 novembre 2021, à l’UPJV.