Responsables : Yannick Ganne, Layla Raid
En retravaillant cette thématique, on cherchera à renouveler l’approche de la construction des normes en la couplant avec celle des savoirs, experts et profanes, afin de rendre compte que leurs influences mutuelles. Pour cela on posera une question double visant à élucider les liens entre les deux termes : comment les normes encadrent la production de savoirs et comment cette dernière participe à la constitution de normes ? Cette thématique comprendra deux sous-thématiques : Épistémologie et production des savoirs ; Normes, critiques, langage.
Épistémologie et production des savoirs
Dans cette sous-thématique, un premier ensemble sera constitué par des travaux en philosophie de la connaissance et en philosophie analytique portant sur la construction de savoirs sur des groupes spécifiques comme par exemples les personnes traumatisées et/ou psychiatrisées ou les personnes vulnérables dans le travail social communautaire. La philosophie elle-même sera interrogée de l’intérieur par une questionnement réflexif autour de la place du savoir philosophiques dans le contexte institutionnel actuel et le rapport que la philosophie entretient avec le positivisme et à l’historicisme.
Un second ensemble comprendra des travaux en épistémologie du Droit ou portant sur les usages du Droit hors de ses contextes habituels comme par exemple l’étude du droit international dans les œuvres de sciences fictions en particulier et dans la littérature en général. Une autre orientation mènera à étudier la « doctrine » française et le Droit savant aux États-Unis, en particulier sur les méthodologies de la recherche et les mouvements intellectuels.
Un troisième sous-ensemble regroupera les travaux en sociologie des sciences et du travail scientifique. On s’intéressera notamment à la production des savoirs en SHS à partir du point de vue de la sociologie de la quantification (sociohistoire des recensements, processus d’harmonisation européenne), de la sociologie de la production des catégories de régime politique (démocratie et autoritarisme) et des usages politiques du droit, de la sociologie de la coproduction des verdicts électoraux et des systèmes interprétatifs des votes émis ainsi que d’une réflexion sur les concepts et les méthodes de l’analyse du discours. On s’intéressera également au travail scientifique dans le domaine de transition écologique : production de savoirs sur les nuisances (pesticides, pollution…), sur les pratiques culturales et la prospective dans l’agriculture ou encore sur la contribution des sciences de l’ingénieur, de la chimie et de la biologie à la transition énergétique.
Ces trois sous-ensembles correspondent à des découpages disciplinaires mais ils sont voués à dialoguer dans une élaboration épistémologique commune.
Normes, critiques, langage
Dans cette sous-thématique, l’analyse des normes passe par le croisement entre différents points de vue disciplinaires. En Philosophie, on s’intéressera en particulier aux normes de vie et aux rapports entre normes vitales et normes sociales en inscrivant la réflexion dans le sillage de la théorie critique. En Droit, on interrogera les normes juridiques nationales, supranationales et internationales qui encadrent, par exemple, la propriété intellectuelle, les activités numériques, l’économie, les organisations internationales, les migrations, etc. En Sociologie et Science Politique on étudiera de quelles manières des normes hétéronomes font l’objet d’une promotion et d’une imposition au sein de certains champs, champ artistique et champ académique notamment.
Le langage sera analysé à partir d’une approche philosophique. Celle-ci portera sur les différentes façons dont le langage a été traité par la Philosophie depuis l’époque moderne (chez Spinoza par exemple) jusqu’aux théories linguistiques contemporaines. Elle portera également le discours littéraire et ses théories. D’autres approches seront également développées notamment en Sociologie et Science Politique ainsi qu’en Linguistique. Elles s’intéresseront par exemple aux discours que les professionnels du Droit tiennent les uns sur les autres (avocats, procureurs, juges), aux luttes d’acteurs pour imposer des discours légitimes sur la sexualité et de manière plus générale aux discours médiatiques, politiques et idéologiques.