Travail, action collective et construction des mondes professionnels

Mobilisations autour du travail

Un ensemble de recherches met ensuite la focale sur le travail. Celui-ci est d’abord pensé comme une entrée permettant d’étudier la politisation dans le cadre de conflits et de régulations structurant les mondes professionnels. Un pôle de recherche sur les conflits au/du travail s’est constitué dans le sillage du projet structurant-Région DYDIATEP (« Dynamiques territoriales et dialogue social. Pour une approche combinée du travail, de l’emploi et des parcours professionnels »). Les chercheur-se-s s’intéressent aux salariés menacés dans leur emploi ou licenciés à la suite de la fermeture de leurs entreprises, en prenant pour objet les luttes salariales, les modalités variables de leur politisation (radicalisation, judiciarisation…) et l’évolution des répertoires d’action (à l’instar de la « reprise d’usine »). Mais ce sont aussi les mobilisations de chômeurs, ainsi que les parcours de reconversion professionnelle, les transformations des groupes sociaux qu’ils révèlent, qui seront placés au centre de la réflexion. D’autres travaux seront consacrés aux mobilisations qui se renouvellent, aux échelles nationales et transnationales, autour de la revendication de droits du travail ou de ses corollaires, comme la préservation des services publics et l’accès aux biens fondamentaux (droit à l’eau, sécurité alimentaire). Les expériences collectives de construction d’espaces sociaux autonomisés et d’organisation alternative du travail seront aussi explorées (collectifs néo-ruraux).

Normes et marges des mondes professionnels


Mais le travail est aussi pensé comme un univers dans lequel se forgent des rapports au pouvoir et à l’autorité, des identités collectives et des visions politiques du monde. Cette socialisation au politique se perçoit d’autant mieux qu’elle est appréhendée dans des espaces professionnels où le travail comme norme sociale est interrogé. Certains travaux analyseront comment, autour de cette norme, se construisent des groupes sociaux (enseignants du second degré) et s’inventent des mondes professionnels (médecine de santé publique). D’autres aborderont la question par une analyse des marges, qu’il s’agisse de la marginalisation des exclus du travail (indignité sociale des chômeurs), des travailleurs au statut spécifique (travailleurs handicapés et travailleurs détenus), ou exerçant des professions marginalisées et fragmentées (métiers du spectacle et du cinéma). Enfin, la thématique des normes professionnelles sera abordée à travers des recherches sur les processus de transmission et de (dé)valorisation des savoirs et qualifications.