Anne Bouhali

Maîtresse de conférences

Géographie

Anne Bouhali est géographe, spécialiste de la ville et du commerce. Elle s’intéresse aux dynamiques urbaines et commerciales et aux circulations marchandes en Afrique méditerranéenne et en Afrique de l’Ouest.

Ses Projets de recherche

Dynamiques urbaines et commerciales et circulations marchandes dans le monde arabe

Le tournant des années 1990 a vu l’ouverture économique d’une grande partie des pays d’Afrique du Nord, et l’intégration progressive de la région dans la mondialisation. D’abord inscrits dans des relations commerciales inégales entre nord et sud, en partie héritières du passé colonial de la région, les pays du sud de la Méditerranée se sont progressivement tournés vers l’Asie. Après les comptoirs commerciaux du sud de l’Europe, comme Marseille, puis la Méditerranée orientale avec Istanbul, et enfin Dubaï, les commerçants arabes, devenus de véritables entrepreneurs transnationaux, se sont tournés vers la Chine (Pliez, 2007 ; Belguidoum, Pliez, 2002), à la recherche de produits manufacturés à bas prix en direction du « marché des pauvres ». Ainsi, après avoir touché les populations les plus riches et les espaces emblématiques des grandes métropoles nord-africaines, la mondialisation, dite « par le bas » (Portes, 1999 ; Tarrius, 2002) ou « non hégémonique » (Ribeiro, 2009), a depuis gagné les petites classes moyennes et les classes populaires ayant atteint un niveau relatif de prospérité, et ce grâce au déploiement du commerce transnational des articles du « Made in China ».

Cette autre mondialisation a d’abord été saisie par les socio-anthropologues, notamment grâce aux travaux fondateurs d’A. Portes (1999) et d’A. Tarrius (2002), qui ont d’abord étudié les mobilités des commerçants et mis au jour la construction de communautés et de territoires transnationaux. Les travaux menés sous la direction de M. Peraldi (2001, 2002) ont ensuite mis en évidence, à partir du tournant des années 2000, la professionnalisation de ces commerçants, le passage du cabas au conteneur et ainsi la massification des échanges entre les Suds. Les géographes, héritiers de ce corpus de recherche, se sont emparés de ces questions de circulations commerciales de marchandises et de personnes, et ont identifié les routes et les places marchandes de cette autre mondialisation, entre Afrique sub-saharienne, Amérique latine, Asie centrale et Asie du Sud-Est. Mais c’est en Méditerranée que les recherches récentes ont été les plus nombreuses.

C’est dans cette veine que s’inscrit ma thèse de doctorat en géographie et aménagement. Directement héritière de ce corpus de recherche, appuyée sur une méthodologie qualitative solide qui utilise les outils de l’ethnographie urbaine, cette recherche doctorale analyse ainsi les effets locaux de cette mondialisation en comparant deux places marchandes anciennes situées en centre-ville, le Mûskî au Caire, capitale de l’Égypte et plus grande ville du monde arabe, et Médina J’dida à Oran, deuxième ville d’Algérie.