Ce premier ensemble de recherches sera consacré à la socialisation de genre (dans l’univers familial, scolaire, universitaire, professionnel) et à ses effets, notamment sur l’appropriation, par les enfants, des normes de justice en vigueur dans l’univers scolaire. L’école primaire ambitionne en effet de socialiser les enfants de 6 à 11 ans, en leur faisant découvrir le sens de la réciprocité et de la solidarité, et entend leur apprendre à vivre en harmonie avec les autres – comme en témoigne son récent objectif de sensibilisation des garçons et filles à la question de l’égalité entre les sexes. Comment les enfants réagissent-ils aux dispositifs et aux actions mises en place dans ce sens ? Il s’agira également de s’intéresser aux effets de la socialisation de genre sur la formation des goûts, des dégoûts et des préférences participant aux constructions différenciées des morales selon les groupes sociaux. En outre, on explorera, dans le cadre de l’ANR DEVHOM, la question de la justice domestique au sein des familles homoparentales. Comment se distribuent entre personnes du même sexe des activités de care qui sont, pour la plupart, si fortement socialement liées au genre masculin ou féminin ? Plus fondamentalement, on mènera une réflexion sur la question de la justice dans la sphère familiale en discutant l’effort récent des féministes et des courants critiques en général pour faire reconnaître la spécificité de sa sphère, la dignité égale de ses membres et les questions de justice distributive qui se jouent en son sein. En parcourant ces enjeux, on découvrira combien le milieu spécifique de la famille, sans être coupé de la société, de la politique ou des institutions juridiques, contraint la réflexion normative à redéfinir ses objets.