Connectivité  temporelle, résilience et dynamique des métacommunautés forestières :  les apports possibles de la polémoécologie

 

Encadrement : Déborah Closset-Kopp

Financement : Bourse ministère

Contexte

Les espèces spécialistes des habitats forestiers sont particulièrement vulnérables aux changements d’usage des terres et aux effets du réchauffement climatique, a fortiori en contexte de fragmentation forestière et de matrice paysagère fortement anthropisée. Si l’importance de la connectivité spatiale (i.e. proximité de forêts « sources » pour faciliter la reconquête de nouveaux boisements par les espèces forestières) est plutôt bien documentée, le rôle de la continuité temporelle au cours des temps historiques a souvent été négligé et l’interaction entre les deux (« connectivité spatio-temporelle ») n’a quasiment jamais été étudiée. Les destructions temporaires, comme lors de grandes guerres par exemple, sont susceptibles d’affecter cette continuité. Concernant la végétation forestière tempérée, la strate herbacée est de loin la plus riche en espèces ; elle joue donc un rôle majeur dans le fonctionnement des écosystèmes forestiers tempérés et la quantité de biens et services qu’ils rendent à la société. Chez les plantes, beaucoup d’espèces spécialistes des habitats forestiers sont caractérisées par une faible capacité colonisatrice, en lien avec leurs faibles capacités de dispersion et/ou leur recrutement limité par des conditions d’habitat non optimales. Ces espèces dites « de forêts anciennes » ont une vitesse de migration spontanée comprise entre 20 cm et 1 m par an et sont quasiment incapables de coloniser un fragment forestier récent distant de plus de 200 m d’une population source. De plus, une interruption temporaire dans la continuité forestière via un épisode de mise en culture, même de courte durée, est susceptible de conduire à l’extinction locale de ces espèces. Cependant, ces résultats proviennent pour la plupart, soit d’études expérimentales limitées dans le temps et dans l’espace, soit d’études observationnelles de terrain qui ne permettent pas de discriminer ces différentes hypothèses.

Le présent sujet de thèse étudiera l’apport possible de la « polémoécologie », c’est-à-dire le champ de l’écologie qui étudie les relations entre les conflits guerriers et les écosystèmes, pour répondre aux questions de connectivité (spatio-)temporelle et de résilience des écosystèmes forestiers. Le travail de thèse consistera à analyser les modalités de reconstitution d’écosystèmes forestiers après destruction complète (zone rouge du premier conflit mondial) en distinguant les antécédents de ces bois : i) des bois anciens reconstitués, c’est-à-dire déjà présents avant 1914 et qui se sont reconstitués sur des sols déjà forestiers avant leur destruction ; ii) des bois récents néo-formés et isolés, qui se sont établis après la Première Guerre mondiale sur des sols auparavant cultivés ; iii) des bois récents néo-formés et connectés à un bois ancien (extension). Le conflit ayant conduit à une synchronisation de la reconquête forestière, il offre de ce fait une opportunité unique pour isoler l’effet propre de la connectivité –en distinguant la composante spatiale de la composante temporelle et leur interaction–de la mémoire du sol et des conditions d’habitat.

Seront étudiées la végétation exprimée (in situ) et la potentielle (banque de diaspores du sol), qui seront mises en relation avec les propriétés physico-chimiques du sol susceptibles d’influencer directement les biodiversités hypogée et épigée (pH, C et N). Une approche dendrochronologique sera entreprise afin d’estimer les productivités ligneuses et herbacées (biomasses, croissance diamétrale moyenne des essences, croissance diamétrale pour des années particulières) en fonction des antécédents d’occupation du sol.

 

Mots clés  :

Connectivité – Dispersion – Ecosystèmes forestiers – Ecologie historique – Perturbation

 

Compétences / Pré-requis pour le (la) candidat(e) :

– Master dans le domaine de l’écologie avec une pratique avérée du terrain

– Bonne connaissance de la flore vasculaire

– Bon niveau physique (travail de terrain)

– Capacité à lire et écrire en anglais (rédaction d’article scientifique, communication)

– Bon niveau en statistiques (analyses uni- et multivariées, modélisation statistique) et maîtrise des logiciels correspondants (R de préférence, SPSS).

– Permis B ; véhicule souhaitable

 

Structure d’accueil

Laboratoire d’accueil : EDYSAN ou Ecologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés (FRE 3498 CNRS – UPJV), 1 rue des Louvels, 80037 Amiens

 

Modalité de candidature

Le (la) candidat (e) pourra  envoyer par email à deborah.closset-kopp@u-picardie.fr ainsi qu’un CV et une lettre de motivation, accompagnés des résultats de Masters, si ils sont déjà disponibles (M1 et M2)

 

Date limite de dépôt

Les candidats, dont le dossier sera retenu, seront contactés pour un entretien téléphonique.

Les candidats retenus après cet entretien seront convoqués pour une audition lors du concours de l’Ecole Doctorale Sciences Techniques et Santé qui aura lieu mi-juin (date exacte à reconfirmer après prise de contact avec l’encadrante) à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens.