Séminaire OGRE : Jérôme Dupeyrat

vendredi 15 janvier 2021 ◊ 14h00 – 17h00

◊ Communautés lectrices (Intervention + discussion : 1h)
La lecture est souvent perçue comme une pratique individuelle, voire intime, mais lire est aussi une activité qui produit des communautés et qui se produit à travers elles. Ces communautés d’échelles variables peuvent se construire par l’interaction des membres qui les composent et/ou au travers de cadres communs de réception et d’usage, sans forcément que les lecteurs et lectrices ne forment des groupes constitués en tant que tels. Lorsque x artistes font des œuvres témoignant de la lecture d’une même source, par exemple, est-ce qu’une communauté de lecture ne se dessine pas ? Selon cette approche, qu’en est-il des communautés formées par les artistes et autres acteurs ou actrices du champ de l’art à travers leurs lectures et les pratiques qui s’y rapportent ? Il s’agira d’explorer ces questions à travers l’histoire de l’art récent et au prisme de quelques-unes de mes activités.

◊ Atelier de lecture (2h incluant une pause)
Où l’on postulera que lire ça peut être aussi annoter, écrire, traduire, éditer, converser, etc. Lecture collective d’un texte de Virginia Woolf : Comment devrait- on lire un livre ? (1926). Il en existe deux traductions en français, l’une en ligne, l’autre dans ce recueil, et en voici un extrait introductif :

« Le seul conseil […] qu’une personne puisse donner à une autre à propos de la lecture est de ne pas écouter les conseils, de suivre son propre instinct, d’utiliser sa propre raison, d’arriver à ses propres conclusions. Si nous sommes d’accord sur ce point, alors je me sens libre d’avancer quelques idées et suggestions, parce que vous ne leur permettrez pas de flétrir cette indépendance qui est la plus importante des qualités qu’un lecteur puisse avoir. […] Faire entrer dans nos bibliothèques des autorités, même chargées de pourpre et de fourrures, et les laisser nous dire comment lire, quoi lire, quelle valeur donner à ce que nous lisons, c’est détruire l’esprit de liberté qui est l’âme de ces sanctuaires. Peut-être sommes-nous partout ailleurs soumis aux lois et aux coutumes ; là, nous n’en avons aucune. Mais pour jouir de la liberté, si on me pardonne cette platitude, nous devons bien sûr nous contrôler nous-mêmes. Nous ne devons pas gaspiller nos capacités, par maladresse et ignorance, en inondant la moitié de la maison pour arroser un seul rosier ; nous devons les exercer, avec exactitude et acharnement, sur l’objet le plus approprié. C’est peut-être l’une des premières difficultés que nous affrontons dans une bibliothèque. Quel est « l’objet le plus approprié » ? »