Nous avons inscrit le projet SmartAdo dans le Plan Régional en Santé Publique et Environnementale de l’Agence Régionale de Santé en Région Centre. Il s’agissait de prévention primaire en direction d’un public d’adolescent·e·s exposé·e·s de façon intensive à des environnements technologiques numériques, plus spécifiquement au Smartphone (ou téléphone dit « intelligent »).
L’originalité de SmartAdo résidait à la fois dans la dimension pluridisciplinaire de l’approche (psychologie, ergonomie, ethnologie) et dans l’étude des « usages » intensifs de Smartphones par les adolescents en situation réelle – objet central, de l’environnement technologique numérique dans lequel elles et ils évoluent –, afin de rendre compte de leurs conséquences en termes de santé entendue dans une acception large. En effet, les travaux de recherche, desquels nous nous distinguions, se structuraient autour des effets de la technique, dans une conception « virale » et intrusive de celle-ci (les ondes, l’addiction, la cyberpornographie, le harcèlement, l’exposition aux pratiques commerciales) ; peu de travaux étaient donc consacrés aux effets des pratiques sur la construction bio-psycho-sociale des adolescent·e·s. Aussi, nous avons proposé d’analyser l’activité et de rentrer par le couplage entre objet et sujet à trois échelles de description : la Main-l’Objet, le Corps-l’Objet, le Corps-l’Objet-l’Environnement. À partir d’observations dans des lieux multiples (espaces publics, espaces domestiques, espaces scolaires), d’entretiens individuels et collectifs, nous avons ainsi pu faire émerger 6 nouvelles façons d’envisager les effets des Smartactivités à l’adresse de l’ARS : les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) et la rédaction de Short Message Service (SMS) ; les gestes de protection, ostentation, dissimulation de l’objet fragile et coûteux ; la charge cognitive en lien avec les multi-activités ; la connectivité permanente, l’emprise de l’objet et l’appauvrissement possible de compétences cognitives de base ; la pression sociale et la construction collective d’une « dépendance ». Nous avons également pu montrer comment les SmartActivités construisent des rapports sociaux spécifiques ; développent des savoir-faire nouveaux (dextérité gestuelle, mobilisation de ressources en personnes et en outils, savoir-faire sociaux) ; des stratégies d’adaptation et identitaire (voire exploration d’identité en termes de genre et d’âge essentiellement). Nous avons profité de cette recherche pour également construire une bibliographie raisonnée sur le sujet. Cette recherche a donné lieu au financement d’un stage et d’un apprentissage, à un mémoire de Master 1, à un rapport scientifique, à une communication orale (Congrès AFS, RT41, Juin 2021) dans laquelle je travaille plus spécifiquement le « faire genre » dans l’espace public, question apparue en actualisant les données avec de nouveaux entretiens réalisés entre 2015 et 2021.