Tiphaine Barthélémy
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Tiphaine Barthélémy est professeure émérite en anthropologie et sociologie à l’Université de Picardie Jules Verne (UPJV). Elle est membre du laboratoire Habiter le Monde (UR 4287) et a été directrice de l’École doctorale en sciences humaines et sociales de l’UPJV de 2014 à 2019.
Ses recherches initiales portaient sur la parenté et les modes de transmission du patrimoine foncier chez les agriculteurs et grands propriétaires de l’Ouest de la France. Par la suite, elle s’est intéressée aux processus de patrimonialisation, notamment à travers les activités des sociétés savantes et des associations patrimoniales en Picardie.
Tiphaine Barthélémy est présidente de la section « Anthropologie sociale, ethnologie et langues régionales » du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) et vice-présidente de cet institut. Elle est également membre du comité de rédaction de la revue Ethnologie Française et du conseil scientifique de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme.
Porteuse du projet ERUDIPIC (2014-2017), qui mettait en valeur le rôle des sociétés savantes et des associations dans les processus de patrimonialisation en Picardie, elle a participé à un projet CPER Anamorphose (2024) sur les patrimoines et les fêtes maritimes des Hauts-de-France ainsi qu’à un projet régional STIMulE (2024-2026) sur les patrimoines invisibles de la région.
Projets en cours
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PATINVI : Entre savants et populaires : les patrimoines invisibles des Hauts de France – Créations, réappropriations, synergies
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PATINVI : Entre savants et populaires : les patrimoines invisibles des Hauts de France – Créations, réappropriations, synergies
Financement
Projet Régional STIMuLE
Description
Ce projet vise à étudier le patrimoine invisible des Hauts-de-France à partir d’études de cas. Il associe une ethnoscénologue, une historienne et une anthropologue.
Riches en monuments historiques connus et visités – cathédrales, beffrois, musées – les territoires des Hauts-de-France recèlent des patrimoines matériels et immatériels qui peinent à faire valoir leur légitimité. Le patrimoine mémoriel des deux dernières guerres mondiales a certes été une priorité des politiques locales et nationales, qui s’est concrétisée lors des célébrations du centenaire de la Grande Guerre, mais d’autres lieux et objets chargés de mémoire semblent voués à l’oubli. Dans cette région récemment désindustrialisée, d’anciennes usines, des cités ouvrières, des bâtis ruraux par exemple sont laissés à l’abandon, au grand dam d’associations qui tentent de les « sauver » tandis que des savoir-faire, des gestes, des jeux ou des pratiques se perpétuent tant bien que mal dans un environnement d’indifférence – quand ils ne sont pas tout bonnement perçus comme des symboles d’un passé de misère et d’arriération. C’est ce patrimoine invisible, car non advenu ou peu reconnu, qui est au cœur de ce projet. À partir d’une enquête ethnographique et archivistique, il s’agit d’une part d’en mettre à jour certains éléments et leurs évolutions récentes (de l’oubli à la réinvention) et d’autre part de comprendre les raisons d’une invisibilité qui peuvent tenir tant aux détenteurs d’objets et de pratiques qu’ils ne souhaitent pas patrimonialiser qu’à une absence de consensus sur ce qui serait digne de l’être ainsi à de multiples autres facteurs qu’il conviendra d’explorer.On s’interrogera sur les inflexions et les formes prises par les processus de patrimonialisation dans les différents territoires qui composent la région : comment cohabitent ou s’opposent par exemple, cathédrales et mémoires ouvrières, savoir-faire artisanaux et musées d’histoire, fête du Hareng et Carnaval reconnu, professionnels du patrimoine et militants associatifs ? Est-il des patrimoines potentiels qui ne font pas consensus, des communautés minoritaires qui ne parviendraient pas à faire entendre leur voix, des choix politiques en faveur de certaines catégories de patrimoine ? L’une des hypothèses que nous chercherons à tester ici pour rendre compte de la difficile émergence des nouveaux patrimoines — et notamment du PCI — dans les Hauts-de-France est celle de la persistance d’oppositions entre cultures savantes et populaires, légitimes ou illégitimes, hégémoniques et subalternes ; oppositions qui, après avoir nourri les sciences sociales dans les années 1970/80, semblent révolues aujourd’hui, du fait notamment de l’individuation des sociétés contemporaines et de l’éclectisme, désormais légitime, des pratiques et des goûts culturels. Mais n’est-il pas des lieux où les deux termes de l’opposition restent bien établis et renvoient à des hiérarchies solidement instituées ? Est-il fortuit que ces lieux correspondent précisément à des territoires précocement intégrés à l’État-nation, dont l’identité locale n’a guère pu se développer indépendamment de celle de l’État central ?
Autant de questions qui incitent à porter attention à l’émergence de nouveaux objets (matériels et immatériels) et de nouveaux acteurs dans le champ du patrimoine. Il ne s’agit pas en effet de considérer celui-ci comme un objet donné d’avance, qui se serait transmis inchangé de génération en génération, mais comme une construction, une création parfois, une réappropriation d’objets et de pratiques auxquels sont conférés des valeurs et des usages nouveaux. Ainsi, certaines patrimonialisations « enrichissent » les territoires et concourent à leur développement par des labellisations au principe de leur attractivité touristique). Elles invitent à mettre l’accent sur la dimension créative des « fabriques » du patrimoine, et interrogent leurs composantes mémorielle et identitaire. En travaillant sur les transmissions et les réinventions, ce projet cherchera à comprendre comment le rapport au patrimoine épouse le présent pour réorienter et réinterpréter le passé, notamment l’histoire locale.
Ce projet en cours a donné lieu à plusieurs communications dans des séminaires et à un colloque en cours de publication.
Projets passés
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Erudipic : Erudits, savoirs et mémoires en Picardie aux XXème et XXIème siècle : les sociétés savantes et la fabrique d’un patrimoine régional
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Erudipic : Erudits, savoirs et mémoires en Picardie aux XXème et XXIème siècle : les sociétés savantes et la fabrique d’un patrimoine régional
Collaborateur(s)
Manon Istasse
Financement
Projet régional Structurant (PRS), 2014-2018
Partenaires
Conseil Régional de Picardie. Projets de recherche thématiques ; CHSSC ; CURAPP-ESS
Description
Les sociétés savantes ont pendant longtemps joué un rôle majeur dans la « fabrique » du patrimoine et l’écriture de l’histoire locale, à la charnière du monde académique et du monde des amateurs. Comment expliquer leur persistance en Picardie en ce début du XXIème siècle où une trentaine d’entre elles sont particulièrement actives ? Depuis le début des années 90, on assiste en effet à un développement sans précédent de nouvelles associations patrimoniales (plus de 800 dans la Somme et dans l’Aisne) qui produisent elles aussi des connaissances sur des lieux, des objets ou des pratiques qu’elles contribuent à mettre en valeur en attirant un public nombreux. Comment les anciennes sociétés et les nouvelles associations co-existent-elles ? Qui sont leurs membres respectifs ? Au fil de quel parcours ceux-ci ont-ils été amenés à s’intéresser au patrimoine et à l’histoire locale et comment ? L’émergence de nouvelles associations est-il lié à celui de nouveaux types de patrimoines : industriels, environnementaux ou immatériels ? Quelles hiérarchies, quelles tensions, quelles complémentarités et quelles fragmentations se font jour au sein de ce champ foisonnant du patrimoine et de l’érudition, entre anciens et nouveaux, amateurs et professionnels, savants et politiques ; de quelles sources de légitimité se prévalent les uns et les autres et quelles nouvelles formes d’expertises en résultent ? Telles sont les questions que cette recherche a tenté d’éclairer à partir d’enquêtes menées dans la Somme et dans l’Aisne. Outre la connaissance que le travail de terrain a pu apporter de mouvements associatifs dont l’ampleur, les formes et les fonctions sont encore peu connues, notamment dans les départements picards, il s’agissait de comprendre en quoi cette effervescence associative traduisait des transformations économiques, sociales et politiques plus générales. Ce sont enfin les enjeux de cet engouement massif pour le patrimoine et les récits du passés que cette recherche a tenté d’explorer en s’interrogeant sur les appartenances locales qu’il met en scène, les territoires auxquels il se rattache, les modes de développement territorial qu’il impulse ou les aspirations collectives qu’il permet de rendre visibles dans l’espace public.
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De l’entre soi au spectacle : le patrimoine maritime de deux villes portuaires à travers leurs fêtes (Boulogne et Dunkerque aux XXe et XXIe siècles)
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De l’entre soi au spectacle : le patrimoine maritime de deux villes portuaires à travers leurs fêtes (Boulogne et Dunkerque aux XXe et XXIe siècles)
Collaborateur(s)
Nathalie Gauthard (Textes et Cultures, UR4023, université d’Artois), Sophie-Anne Leterrier (CREHS)
Financement
CPER (2022-2023) « Anamorphose. Le patrimoine sous le territoire, le territoire sous le patrimoine » est un projet de recherche lauréat de l’appel à projets Contrat-Plan-État-Région 2021-2027, financé par la Région des Hauts-de-France et l’État. Il est un outil structurant de l’alliance entre les universités d’Artois, de la Côte d’opale et du Littoral et de Picardie-Jules Verne (site A2U), en faisant collaborer 17 laboratoires d’arts, de lettres, de langues, de sciences humaines et sociales, d’écologie historique et d’informatique, ainsi que la plateforme “Muséolab” et “Humanités Numériques“, la Structure Fédérative de Recherche “Numérique et Patrimoine”, l’Institut Culture et Patrimoine de l’UPJV et l’Institut de Recherche sur le Tourisme (InRenT) de l’ULCO.
Partenaires
Habiter le Monde (université de Picardie Jules Verne)
Description
Si les villes de Boulogne et de Dunkerque se sont toutes deux développées, depuis le XVIIIe siècle, à partir de la pêche, leurs activités portuaires ont donné lieu, au cours des siècles à des processus de patrimonialisation différents, perceptibles aujourd’hui à travers leurs manifestations festives. À la visibilité et à la forte attractivité touristique du Carnaval de Dunkerque, font écho, à Boulogne-sur-Mer, des manifestations plus discrètes, qui, organisées par les populations locales, notamment les pêcheurs, contribuent à perpétuer un entre-soi encore peu médiatisé. Elles sont également peu mises en valeur par une ville dont l’attractivité touristique repose avant tout sur le centre Nausicaa « Conservatoire de la biodiversité océanique » où la diversité et la variété des espèces aquatiques ne dit rien des communautés locales. La mémoire de Dunkerque quant à elle, orchestrée par la ville qui organise le Carnaval, semble avoir tout bonnement oublié la pêche – notamment la pêche à la morue pratiquée au XIXe siècle- au profit des corsaires (Jean Bart) et de fêtes largement publicisées.
À Boulogne donc, des fêtes relativement modestes, peu patrimonialisées et un patrimoine immatériel maritime largement doté d’invisibilité ; à Dunkerque au contraire un carnaval médiatisé qui attire un public nombreux venu de l’extérieur (des dizaines de milliers de « carnavaleux »). Comment rendre compte de ces situations contrastées ? Quelles mémoires véhiculent ces manifestations festives et quels en sont les porteurs ? Quels sont les enjeux politiques et économiques de telles patrimonialisations et quels en sont les acteurs ? C’est à cet ensemble de questions que tente de répondre le présent projet qui, à partir d’enquêtes ethnographiques et de dépouillement d’archives, se centrera plus particulièrement sur trois objets relatifs aux patrimoines maritimes et portuaires des deux villes : les chansons de carnaval, les pratiques festives et les communautés patrimoniales.
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Propriétaires en campagne : les dynamiques de l’espace notabiliaire finistérien au XIXème siècle, in : François Sarrazin (ed.) : Les élites agricoles et rurales : concurrences et complémentarités, Rennes, PUR, p.101-114, 2014.
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« De l’entre soi au spectacle, le patrimoine maritime de trois villes portuaires », Journée de restitution, Arras, le 13 Décembre 2023. Projet Anamorphose.
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« Le patrimoine au prisme de l’anthropologie : des cultures populaires au patrimoine culturel immatériel », Colloque Métamorphose du patrimoine, Hardelot, 31 Mai et 1er Juin 2023, Projet Anamorphose.
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Exposition de photographies sur les fêtes et carnavals à Boulogne, Étaples-sur-Mer et Dunkerque (Bibliothèque de l’ Université d’Artois, Décembre 2023)
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Le travail des étudiantes de l’Université de Picardie Jules Verne, in Courrier de l’association historique de Saint Gobain n°32, 12-18 (avec Chloé Caquineau, Véronique Hochedé, Manon Istasse, Sandra Kotoff et Paula Satta), 2016.
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