page de bio de Céline Rosselin-Bareille

Céline Rosselin-Bareille est professeure d’anthropologie (20ème section) à l’Université de Picardie Jules Verne depuis 2023, après avoir soutenu une Habilitation à Diriger des Recherches à l’Université de Toulouse en 2021. J’ai été Maîtresse de conférences en anthropologie sociale à l’Université d’Orléans (1999-2023). Mes travaux de recherche interrogent la façon dont la culture matérielle (techniques comprise) articule construction des sujets et fabrication du monde, en s’intéressant aux corps, aux processus vitaux, aux sensorialités engagés notamment dans des situations d’hostilité. J’ai ainsi travaillé sur les scaphandriers travaux publics, de leur formation au travail en chantier, entre 2011 et 2018. Mes recherches me conduisent également à interroger les frontières de la discipline à travers des dialogues pluridisciplinaires (sociologie, géographie, psychologie, neurosciences).

J’ai obtenu mon Doctorat en Anthropologie à l’Université de Paris V – René Descartes, en 1998, en présentant un mémoire sur les espaces habités : « Habiter une pièce. Une ethnographie des espaces par la culture matérielle » (sous la direction de J.-P. Warnier). Cette thèse interrogeait la possibilité même d’« habiter » un espace de transition, provisoire et les dimensions normatives associées. Mon travail s’inscrivait dans les réflexions d’un groupe de recherche sur la culture matérielle, le MàP (Matière à Penser), que j’ai co-fondé avec Marie-Pierre Julien et Jean-Pierre Warnier, en 1994. Les premiers travaux du groupe ont été consacrés aux processus d’authentification des marchandises puis aux corps-à-corps avec les objets.

J’ai été recrutée en 1999 à l’Université d’Orléans en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (Staps).

Entre 2004 et 2005, j’ai coordonné une enquête collective sur un centre de secours, où le peu d’interventions met à mal la construction masculine des pompiers en « soldats » du feu, contraints à une posture d’attente, dans des cultures matérielles décalées.

De 2011 à 2014, une enquête collective sur les usages des smartphones dans les espaces publics, privés et scolaires par des adolescent·es a permis de montrer à la fois la place de cet élément de culture matérielle dans leur subjectivation en tant que jeunes selon le genre, la construction de leurs relations sociales et leur intervention sur la configuration des espaces publics (Financements ARS).

Porteuse d’un projet pluridisciplinaire sur la formation professionnelle d’architectes et d’ergonomes, en 2015-2016, je me suis intéressée aux savoirs de la main qui crée et manipule des maquettes (Financements ComuE héSam).

De 2011 à 2018, j’ai réalisé une recherche sur les scaphandriers travaux publics où l’articulation entre dispositions sensibles et disponibilités sensorielles aux environnements hostiles, rendu possible par et dans la culture matérielle, interroge les frontières du corps, les processus vitaux dont la respiration, la construction des collectifs de travail et les enjeux de pouvoir associés. Cette recherche m’a conduite à participer à l’ANR Hectorr (L’Humain Engagé par la Cobotisation dans les Transformations du Travail et des ORganisations dans les usines du futur), le cobot (un « robot collaboratif ») venant illustrer les frontières poreuses entre corps et techniques.

En 2021, j’ai présenté une Habilitation à Diriger des thèses « De la culture matérielle aux matières à former : rencontres des matières et construction des sujets » (Université de Toulouse Jean Jaurès, LISST-CAS ; Garant : Nicolas Adell). En 2023, j’ai été nommée professeure à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens et rattachée à l’équipe Habiter le Monde UR4287.

Mon travail de recherche se prolonge aujourd’hui dans un questionnement plus général sur les liens entre mondes hostiles, corps et techniques ouvrant à la comparaison, tandis que je débute une recherche « Faire et être avec les robots » dans le cadre d’un Programme et équipement prioritaire de recherche – Robotique (2024-2032). Ma participation à ce PEPR (Action Structurante 4 portée par le roboticien P. Souères) a pour objectif d’interroger cette cohabitation à travers l’étude des gestes humains (dans leurs dimensions sensorielle, affective, cognitive et motrice), des mouvements du robot et des mouvements du système « humain-robot » (corps et techniques). L’enjeu anthropologique est de comprendre les modalités des « faire et être » avec les robots dans un double intérêt pour la construction des sujets et la production de mondes.

Dans un dialogue entamé de longue date avec des collègues sociologues et socio-anthropologues des techniques, j’ai également été chercheuse au CETCOPRA (Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne, 2015-2023) et suis membre du Bureau du Groupe de Travail 01 (Corps, Sciences, Techniques et Société) de l’AISLF (Association Internationale de Sociologie de Langue Française), membre du comité de rédaction de la revue Socio-anthropologie (2021- ) et co-responsable avec Caroline Moricot d’un séminaire « Mondes hostiles et couplages à la technique ».

A l’échelle de la discipline, je m’intéresse particulièrement aux différents métiers de l’anthropologie. Ainsi, en tant que membre du bureau de l’AFEA (Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie) à sa création en 2009 et membre de son CA depuis 2019, j’anime une commission sur le sujet. J’ai participé à la conception du prix de thèse Tillion-Rivière (AFEA) qui récompense des recherches impliquées et coopératives. Je suis également membre de l’Association Germaine Tillion. J’ai été membre élue au Comité National de la Recherche Scientifique (section 38 : Anthropologie et étude comparative des sociétés contemporaines) entre 2021 et 2024.