La circulation de l'eau dans la plante est assurée par un
phénomène biologique appelé la transpiration. La transpiration,
qui est la vaporisation de l'eau au niveau des feuilles, crée une
dépression permettant la remontée de l'eau du sol par l'intermédiaire
des racines. L'énergie permettant au système de fonctionner
est foumie par le rayonnement solaire.
Les deux rôles principaux de cette eau vis à vis des plantes
sont :
L'évaporation des cultures ne peut être estimée facilement que si la plante satisfait à tous ses besoins (sol humide). On parle alors d'évapotranspiration maximale d'une culture (E.T.M.).
- l'apport des éléments nutritifs présents en solution dans le sol
- l'ouverture des stomates, par lesquels la vapeur d'eau transpirée est diffusée, et qui permettent en même temps les autres échanges gazeux entre le tissu végétal et l'atmosphère (comme les transferts CO2-O2).
L'E.T.P. est une donnée climatique calculée quotidiennement par les services de la météorologie nationale à partir de la température, de la vitesse du vent, de l'humidité et de la durée d'insolation (formule de Penman). Elle se définit comme la perte d'eau sous forme de vapeur d'eau d'un couvert végétal de référence, prairie bien entretenue, disposant d'une alimentation en eau suffisante pour qu'elle ne limite pas la transpiration).
L' E.T.M. est liée à la fois au climat et à la culture. Ainsi, elle s'exprime en multipliant l'E.T.P. par un coefficient Kc qui dépend du stade de la culture. Ce coefficient est faible quand la culture est peu développée (peu de surface foliaire) et devient supérieur à 1 quand la surface foliaire est maximale.
Cependant, diverses causes font que généralement une plante n'atteint que très rarernent son E.T.M. (manque d'eau, démarrage lent de la plante, activité métabolique réduite du fait de maladies ou de parasites, enracinement insuffisamment développé). On parle alors d'évapotranspiration réelle (E.T.R) qui sera toujours inférieure à l'E.T.M. et qui correspondra aux prélèvements réels en eau de la plante.
Le rôle de l'eau dans la plante est primordial, et même
si un déficit n'est pas obligatoirement fatal il est toujours handicapant.
L'irrigation a pour but d'optimiser la croissance et améliorer la
qualité de la plante en apportant, en complément des précipitations,
l'eau nécessaire.
Aujourd'hui, l'irrigation (260 millions d'hectares) représente 6 % de la S.A.U. mondiale mais produit près de 40 % de la producion agricole et 55 % des produits alimentaires de base (essentiellement, blé et riz).
Figure n°1: Evolution de la surface irriguée en France
de 1955 à 1995 (d'après JANIN, 1996).
Suite à cette augmentation, la tendance nationale est à la stabilisation depuis 10 ans et la surface totale irriguée en France en 2000 est d'environ 1 500 000 ha), soit pratiquement la même qu'en 1990.
En France, les 4/5ème des prélèvements en eau pour les besoins agricoles proviennent des ressources superficielles, l'autre cinquième étant pompé dans les nappes.
Tableau I: Evolution par culture des surfaces irriguées
en France de 1979 à 1985 (d'après documents de la Chambre
d'Agriculture de l'Oise).
L'irrigation en France concerne de nombreuses cultures (cf. tableau n°I). La culture la plus irriguée au niveau national depuis plus de 25 ans est cependant le maïs. En 1995, cette culture représente 43 % de la surface totale irriguée (cf. figure n°2), avec un doublement des surfaces irriguées de 1979 à 1995. Suivent les cultures légumières (haricots verts, épinards, maïs doux, brocolis, oignons...), les fourrages et les vergers avec 9 %, elles aussi en augmentation sensible.
Figure 2 : Pourcentage par culture des surfaces irriguées
en France en 1995 (d'après documents de la Chambre d'Agriculture
de l'Oise)
Avec l'introduction des haricots verts, l'arrivée de l'irrigation
sur l'exploitation permit le développement de la pomme de terre
(consommation, fécule, plant) déjà présente
dans les assolements. Depuis, d'autres légumes ont été
introduits comme les épinards (en culture dérobée)
ou réintroduit comme les flageolets ou les petits pois.
Dans le sud-ouest du département, en revanche, l'irrigation,
originellement prévue pour le maïs grain (qui a perdu de son
intérêt économique) fut progressivement détournée
au profit des céréales et des pois protéagineux avec
l'objectif de rentabiliser le matériel déjà présent
sur l'exploitation.
Sur l'ensemble du département, l'irrigation de la betterave est
courante les années sèches pour des exploitations dans lesquelles
l'installation a été réalisée.
Cette répartition géographique des prélèvements
en eau pour l'irrigation est encoré rétrouvée avec
deux bassins versants dominants, le bassin de la Troesne (50 forages) dans
le sud-ouest et le bassin de l'Aronde (43 forages) dans l'est.
En 1998 la S.A.U. totale du département est de 377 000 ha. Le
blé en est la principale culture, et de loin, avec 156 000 ha, soit
plus de 41% de la S.A.U. (cf. tableau n°II). Au même titre que
les autres cultures les plus fréquemment retrouvées dans
l'Oise (betteraves, pois protéagineux, orge, escourgeon), la culture
du blé n'exige pas l'installation de l'irrigation. Et même
si l'irngation est utilisée en année sèche sur les
betteraves, les pois ou parfois le blé, ce ne sont que des pratiques
marginales, sur des exploitations où l'irrigation a été
installée pour d'autres cultures.
La proportion de surface irriguée dans l'Oise est actuellement
estimée à moins de 2% de la S.A.U., c'est à dire moins
de 7 500 ha.
Cultures | Blé tendre | Betteraves | Pois protéagineux | Orge/Escourgeon | Fourrages |
Surfaces (ha) | 156 000 | 43 500 | 34 700 | 31 600 | 13 100 |
Tableau II: Surfaces des principales productions végétales
dans le département de l'Oise en 1998
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Tableau III: Moyenne des précipitations de 1945 à 1999
sur le bassin de l'Aronde et de l'ETP à Beauvais de 1950 à
1999 pour les mois d'irrigation
(Extrait et modifé des bulletins météorologiques,
Météo France)
Année | 1990 | 1991 | 1992 | 1993 | 1994 | 1995 | 1996 | 1997 | 1998 | 1999 |
Précipitations (mm) | 34,6 | 44,1 | 68,3 | 62,6 | 53,7 | 48,5 | 50,6 | 64,7 | 31,1 | 43,9 |
ETP (mm) | 131,4 | 105,5 | 112,8 | 111,2 | 115,0 | 122,7 | 116,5 | 113,4 | 116,4 | 123,1 |
Tableau IV: Moyenne mensuelle des précipitations à La Neuville-Roy et de l'ETP à Beauvais pour Ies mois de mai à août des années 1990 à 1999 (Extrait et modifié des bulletins météorologiques, Météo France)
Sur les dix dernières années , 1990 et 98, (1991 et 99 dans une moindre mesure), sont des années dites "sèches". En revanche, 1992, 93 et 97 sont des années dites "humides".
Il apparaît ici une contradiction pour les années 1992
et 1997, années où le débit de l'Aronde était
le plus faible de la décennie. En effet, malgré des précipitations
abondantes de mai à août (d'où l'appellation année
humide) ce fut des années avec une très faible recharge de
la nappe durant l'hiver précédent (précipitations
très faibles pendant la période où les infiltrations
sont efficaces, généralement de novembre à mars).
La culture ayant le plus grand besoin en eau est la pomme de terre,
suivie des haricots verts et des épinards.
cutures | année sèche | année normale | année humide |
Pommes de terre | 183 | 130 | 85 |
Haricots | 107 | 73 | 46 |
Betteraves | 65 | 29 | 0 |
Epinards | 112 | 74 | 46 |
Tableau V: Apport annuel moyen en eau (en mm) sur les principales
cultures du bassin de l' Aronde en fonction de l'année
Chambre d Agriculture de l'Oise (1999) - L'agriculture de l'Oise en chiffre. 2 p.
JANIN J.L. (1996) - L'irrigation en France depuis 1988
VERDIER J. (1997) - Importance stratégique du développement
des cultures irriguées au plan mondial. Forum sur " de l'eau
pour tous " politlgue de l'eau et devenir des cultures irriguées,
Montpellier, le 17 septembre I997
www.irrigation.org
PROERES O. (2000) - L'irrigation dans le bassin versant
de l'Aronde: étude d'une gestion concertée de la ressource
en eau. Mém. D.U.E.S.S. "Eau et Environnement", D.E.P., Univ. de
Picardie Jules Verne, Amiens, 96 p.