LA VIE DES HOMMES DE LA PREHISTOIRE

 

 

 

1. Comment connaître la vie des hommes du passé?

 La découverte des restes osseux des hommes de la Préhistoire a permis de reconstituer leur squelette puis leur allure générale (voir chapître précédent). Mais quel était leur vie? Les questions posées sont nombreuses et recouvrent les points suivants: durée de vie, structure sociale,  techniques, art,   stratégies de recherche de nourriture, habitation, langue, croyances, coutumes. En l'absence d'écriture, leur mode de vie ne peut être reconstitué qu'à partir des restes et des traces laissées dans les sols, les sédiments ou sur les roches dures.

Les restes humains peuvent donner des indications sur le mode de vie mais ils sont d'autant plus rares que les temps sont plus reculés. Les parties "molles" sont difficilement conservées, la  momification naturelle est un phénomène exceptionnel. Les restes osseux exigent des conditions bien définies pour  être conservés. De plus les os sont souvent brisés et dispersés; les squelettes entiers sont souvent les indices de sépulture, donc de culte des morts. Les traces d'anciennes fractures osseuses, d'incision avec un outil  peuvent donner lieu à des interprétations difficiles à vérifier. Lorsque du collagène est conservé dans des os, cas des restes récents, !'ADN mitochondrial peut être analysé, s'il n'est pas trop dégradé, et des relations génétiques  peuvent être déduites entre plusieurs individus. Les dents sont  les parties les plus facilement conservées; leur usure peut donner des renseignements sur le régime alimentaire.

Les traces d'activité humaine sont les plus instructives. Elles sont beaucoup plus fréquentes que les restes humains. Ce sont des outils en bois, en os, en pierre, des récipients en terre cuite, des bijoux... Pour les temps anciens, seuls les outils en pierre (généralement des silex) sont conservés. Les techniques de taille ont d'ailleurs été utilisées au XIX ème et au XXème siècle pour établir la chronologie des temps préhistoriques en l'absence de datations: Paléolithique inférieur, moyen et supérieur, Mésolithique et Néolithique. On trouve encore des témoins de construction, des accumulations locale d'os d'animaux, de plantes, de coquillages qui indiquent des activités de chasse, de cueillette. Il y a enfin des indices d'expression artistiques ou religieuses illustrées par les gravures ou peintures sur roches, qui peuvent totalement disparaître sous l'effet de l'érosion et de l'altération, et les sépultures.

 La conservation des traces d'activité dépend des périodes. Comme on peut s'en douter, le début de la  période historique ,  vers -5000 ans en Orient, fournit de nombreuses traces de travaux (fossés, constructions…), des objets d'artisanat (outils, récipients, bijoux…), des vêtements, dessins, gravures et surtout écriture. Les périodes préhistoriques récentes (Néolithique, Paléolithique supérieur) fournissent des témoins  nombreux, comme pour les temps historiques mais sans l'écriture. Les temps anciens (Paléolithique inférieur, vers – 1 M.a.) sont beaucoup moins riches et sont illustrés par des objets travaillés en pierre, généralement en silex,  qui vont de simples galets cassés ( pebble culture) au début du Paléolithique à des silex grossièrement retouchés, enfin plus finement retouchés à la fin du Paléolithique inférieur.

 

2. La vie au Paléolithique inférieur (-2,5 M.a. à -300 000 ans)

Afrique, Asie, Europe: Homo habilis, H. ergaster, H. erectus, H. heidelbergensis.

Les restes d'Homo habilis sont associés aux plus anciennes industries de pierre taillée: ce sont surtout des galets en silex peu modifiés par percussion, souvent difficiles à distinguer des silex cassés naturellement. Les galets sont taillés généralement sur une seule face pour confectionner un outil (chopper) ou pour obtenir des éclats tranchants. Ces outils devaient lui permettre de découper des morceaux de viande ou de casser des os. Il est difficile de reconstituer leur mode de vie. On s'accorde à penser que c'était d'abord des cueilleurs de fruits et de racines, puis des chasseurs de petits animaux,  peut-être mêmes de charognards, eux-mêmes proies des grands carnivores (comme les singes actuels). Leurs outils rudimentaires servaient à dépecer les proies. Leur durée de vie ne devait pas excéder 30 ans.

Homo ergaster sait tailler le galet sur les deux faces en fabricant ainsi le biface.  Ces hommes devaient probablement utiliser aussi des outils en bois qui ne peuvent pas être conservés. Le développement des membres inférieurs  leur permit de couvrir de grandes distances à la recherche de nourriture pour finalement, à partir de l'Afrique, atteindre l'Asie et l'Europe (H. georgicus). La structure du larynx déduite des restes osseux ne semble pas compatible avec un langage articulé. Comme pour Homo habilis,   il n'y a pas de trace de sépulture.


 chopperchopper


Homo habilis: galet aménagé (chopper)
foyer TAmata    biface_TAmata
Homo erectus:  Trace de foyer ; biface (Terra amata, Nice)


Homo erectus a façonné des outils qui sont symétriques et paraissent mieux adaptés à leur usage (couper, gratter...). Il a colonisé une grande partie du globe (excepté les Amériques et certaines îles). Son outillage perfectionné et probablement son comportement social lui ont permis de chasser des gros gibiers (herbivores). Les traces de cendres de bois associées à ses restes laissent penser qu'ils savaient utiliser le feu.

Homo heidelbergensis enfin se nourrissait surtout de la chasse. On associe d'ailleurs le développement du cerveau à la consommation de viande. Il pouvait chasser les chevaux et le rhinocéros. Il fabriquait également des épieux à lancer qui atteignaient jusqu'à 2,50 m de long. Les marques de découpage sur des os indiquent qu'il les raclait pour en retirer la viande. Les os étaient aussi utilisés comme des outils pour la fabrication d'outils en silex. Le développement de ses capacités culturelles a fait supposer à quelques chercheurs qu'Homo heidelbergensis possédait déjà les rudiments d'une langue simple.

 
 

3. La vie au Paléolithique moyen (-400 000 à -30 000 en Europe)

Europe, Asie (Proche Orient), Afrique du Nord
 

 Homo neandertalis et similaires

3.1 Industries

L'industrie du Moustérien est caractérisée par une technique de taille des silex  plus précise; les éclats prélevés sur les galets sont retouchés en fonction d'utilisation spécifique (racloirs, pointes). Le silex est débité en éclats qui pouvaient être utilisés bruts ou bien retouchés, légèrement modifiés sur leurs bords pour obtenir des outils plus spécialisés tels que les racloirs. Des traces d'adhésif naturel en bitume ou en résine sur certains outils montrent que ceux-ci étaient emmanchés. Les manches en bois (ou en os) ne sont généralement pas conservés mais on découvert en particulier dans un site d'Allemagne un fragment d'épieu en bois fiché dans les os du thorax d'un éléphant associé à des éclats de silex.

Il est probable que les derniers Néandertaliens soient les auteurs d'un faciès culturel de transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur en Europe occidentale qui est caractérisé le débitage de lames et la fabrication d'outils en os.


(a)Taille Néandertal

(b)Levallois
(c)racloir
(d)La_Chaise

Industrie lithique du Moustérien. (a) Néandertalien taillant un silex (reconstitution  in Wikipedia); (b) nucléus et éclat; (c) racloir (Musée d'Angoulème); (d) Lame sur éclat (Musée d'Angoulème).

3.2 Chasse et nourriture 

Les accumulations  d'ossements d'herbivores (cerfs, bisons) à proximité des restes de Néandertaliens sont  interprétées comme le résultat de leur chasse. Les traces de découpe sur les os sont visibles. La pratique ponctuelle d'un charognage actif (accès primaire à la carcasse en écartant les prédateurs ou en recherchant les animaux morts dans des pièges naturels) est également possible. L'analyse isotopique (C, N) du collagène des os de néandertaliens d'un site de Charente, daté d'environ 40 000 ans BP, montre que ces individus consommaient essentiellement de la viande de grands herbivores.

Les traces de feu sont fréquentes. Les traces de découpe portées par les os d'animaux (herbivores comme les cervidés) trouvés à proximité montrent qu'il débitait son gibier à l'aide de ses outils en silex.

3.3 Habitat

Les restes de Néandertaliens ont souvent été trouvés dans des grottes ou des abris sous roches, mais peut-être parce que ces lieux sont plus propices à la fossilisation. Il est certain qu'ils occupaient des grottes au moins provisoirement mais ils pouvaient fabriquer des huttes en branchages recouvertes de peaux .

3.4 Langage

Au vu de la structure de son larynx, on pensait qu'il avait un langage articulé au moins sommaire. En 1983, un os hyoïde néandertalien a été découvert. L'os hyoïde  maintient la base de la langue et est indispensable à l'élocution. Une étude récente a montré que cet os était plus petit que celui de l'homme moderne: la voix de l'homme de Néandertal aurait ainsi été plus aigue que celle de l'homme moderne. Le langage articulé a été confirmé l'année dernière par une étude génétique: l'ADNm possède un gène qui chez l'homme moderne est associé aux développement des aires du cerveau liées à la maîtrise du langage articulé. 


3.5 Manifestations rituelles et artistiques

Les restes de néandertaliens sont associés aux  premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques: collecte de fossiles ou de minéraux rares, ocre (terre rouge utilisée comme pigment)  utilisée probablement comme peinture corporelle (?), gravure de traits, de lignes ou de signes géométriques simples sur des os ou des pierres. Dans certains sites, des accumulations de crânes d'ours qui semblaient disposés intentionnellement ont été interprétées comme le résultat d'un « culte de l'ours ».

La Chaise
Os incisés (Musée d'Angoulème)

flute

Flûte faite d'un fémur d'ours
(Governement Communication Office,
Slovenia).

bijou
Canine de carnivore percée interprétée
 comme un pendentif


3.6 Rites funéraires

Certains squelettes sont disposés de façon précise et peuvent être associées à des restes végétaux ou des coquillages. Ces premières véritables sépultures connues  datent d'environ - 100 000 ans et ont été mises au jour au Proche-Orient. Elles comportent souvent des fosses intentionnelles et sont pratiquement toujours associées à des habitats. Il est peu probable qu'elles n'aient eu qu'un rôle fonctionnel simplement destiné à se débarrasser d'une dépouille, mais elles seraient plutôt l'indice de rites funéraires. En effet, dans certains cas, elles comprennent des dépôts funéraires (outils lithiques, fragments de faune). A Shanidar (Irak), une sépulture  renfermait un Néandertalien enterré sous une grande dalle; une grande quantité de pollens de plantes à fleurs était présente autour du corps, ce qui a été interprété  comme la preuve du dépôt de nombreuses fleurs lors de l'enfouissement. La présence de traces de désarticulation, de décharnement, de fracturation intentionnelle ou de calcination sur certains os de Néandertaliens a posé des problèmes d'interprétation. On a d'abord pensé à du cannibalisme mais celà pourrait être plutôt  un traitement post mortem des dépouilles dans le cadre d'un rite funéraire.

(a)Shanidar cave  (b) Shanidar tombe
(a) Grotte de Shanidar (Irak) (b) Sépulture de Shanidar: le corps avait été recouvert de fleurs.

 

4. La vie au Paléolithique supérieur (-35 000 à -10 000 B.P. ans environ en Europe)

Europe, Afrique, Asie, Océanie

Le Paléolithique supérieur est caractérisée par le développement de nouvelles techniques (lames, industrie osseuse, propulseur, etc.) et de l'art préhistorique dont l'auteur est  l'Homo sapiens.Venu du Proche Orient, ce dernier a profité d'une amélioration temporaire du climat vers - 35 000 pour coloniser l'Europe. Il a cohabité avec l'Homme de Néandertal jusqu'à l'extinction de ce dernier vers -30 000 en Espagne.
Son industrie lithique est basée sur la production d'éclats allongés,lames et lamelles, qui servent de base à la réalisation d'un outillage diversifié : grattoirs, burins, pointes de projectiles. L'homme chasse les animaux avec des lances ou en les piégeant; la découverte de pointes silex montre qu'il connaît également l'arc. Le travail de l'os est remarquable: fabrication de harpons, de poinçons, de propulseurs...

(a)Charente
(b)Charente
Industries du Paléolithique supérieur: (a): silex; (b): os (Musée d'Angoulème).

Son habitat consiste en huttes de branchages, éventuellement avec une base en pierres; on a découvert des huttes faites d'os de mammouth en Ukraine. L'occupation des grottes  en pays  calcaire  est fréquente; elle peut s'expliquer  par la rigueur  du climat  vers -20  000  ans BP. Dans ces grottes, l'homme a fait  des gravures,  des  peintures,  a laissé  ses traces  (traces  de mains sur les parois,  de pieds  sur  le  sol).  Ces  représentations ont probablement des significations  magiques ou religieuses. Des interprétations ont été proposées  sans vérification possible...  Une pratique énigmatique est l'ablation des incisives pratiquée par  un groupe humain d'Afrique du Nord (Ibéro-maurusien).


4. La vie au Paléolithique supérieur



(a)Lascaux
(b)Altamira
(c)Main

Peintures du Paléolithique Supérieur: (a) Cheval de la grotte de Lascaux (France); (b) Bison de la grotte d'Altamira (Espagne); (c) Empreinte de main (Grotte Chauvet, France).


Ukraine
Reconstitution d'une hutte en os de mammouth (Musée de Kiev, Ukraine).
Pushkari
Autre reconstitution de hutte (Ukraine).
avulsion
Ablation des incisives (avulsion dentaire) chez un Ibéro-maurusien.


Panchevade
(a)
(b)Hmme Lion
(c)Venus

 Gravures et sculptures du Paléolithique Supérieur: (a) Gravures de la grotte Chauvet (France); (b) Statuette (30 cm) de l'"homme-lion"en ivoire de Mammouth (Allemagne); (c) Statuette en os dite "Vénus de Brassempouy" (France).



 
DATES
- 2,4 à - 1,6 Ma
- 1,9 Ma à
- 300 000 ans
- 350 000 à
- 35 000 ans
- 35 000 ans
 ESPECE
Homo habilis

Homo ergaster
Homo erectus


Homo neandertalensis
Homo sapiens

LIEU
Afrique de l’Est

Afrique du Sud
Afrique du Sud
Afrique de l’Est
Afrique du Nord
Europe, Asie
Indonésie
Europe

Proche-Orient

Asie

Tous les continents
OUTILS
 plus anciens outils retrouvé: galets aménagés ou   Choppers
Choppers
 invention du biface. Diversification des outils à symétries et  formes géométriques variées.
biface
Outils en os. Généralisation d’outils sur éclats. Lames plus minces et allongées.
Outils en os
Propulseur, harpon en os, aiguille à chas, ...

harpon en os
MODE DE VIE
Bipédie et marche, moins arboricole,
Omnivore avec
 viande

Parfait bipède,
Bon chasseur,
Organisation sociale,
Langage articulé. domestication du feu  campements en plein air
Bon chasseur,
Début de la pêche premières sépultures
 premiers bijoux

Chasse,
Pêche,
peintures, gravures
Sédentarisation, agriculture, élevage...



Industrie et mode de vie des hommes du Paléolithique Récapitulatif (modifié d'après Musée de Paléontologie Humaine de Terra Amata, Nice)




5. Le Mésolithique et le Néolithique

Le Mésolithique est caractérisé par de très petites pièces ("microlithes") en silex en forme de triangle ou de trapèze qui étaient incrustées sur des os ou des bois pour servir de projectiles. Il débute en Europe il y a 10 000 an et s'achève vers -6000 ans B.P. (IVème millénaire av. J.-C.)  avec le début du Néolithique. Cette période est marquée par de nombreux changements économiques et sociaux liés notamment au réchauffement du climat  (fin de la période glaciaire) et au développement de la forêt en Europe.  Les groupes humains conservent un mode de vie nomade, cependant l'abondance et la diversité des ressources par rapport à l'âge glaciaire favorise un nomadisme sur des territoires plus restreints. L’emploi de l’arc et de la flèche, en particulier, se généralise sur le continent européen et en Afrique. La chasse de petits mammifères et la consommation de mollusques comme les escargots  se développent. La diffusion de traits culturels (en particulier technique de débitage des silex) sur des territoires importants suggère des relations entre groupes distincts: les groupes voisins se réunissaient pour échanger des techniques et des denrées et favoriser l'exogamie. Les représentations artistiques figuratives sont rares, elles ont essentiellement un caractère symbolique non figuratif. Ce sont surtout des galets peints ou gravés de figures géométriques.
Le Mésolithique d’Europe nord-occidentale (10 200 à 6 500 BP) correspond aux dernières communautés de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs dans un environnement naturel tempéré et boisé (pins, bouleaux, chênes, etc.). L’arrivée de ce climat tempéré chasse les espèces froides comme le renne et le cheval vers le nord ou en altitude. Elles sont remplacées, entre autre, par le cerf, le chevreuil, le sanglier et l’aurochs.
La stabilité du climat et la présence d’une faune non migratrice semblent avoir favorisé une augmentation démographique de la population qui développe de nouvelles stratégies de chasse et des armes (arc) adaptées au milieu boisé et au gibier. Les diverses structures d’habitat découvertes en Europe (foyers, tentes, etc.), établies en plein air mais aussi sous abri rocheux, témoignent des facultés d’adaptation à des milieux naturels. Les nombreuses sépultures mésolithiques étudiées en Europe, tant individuelles que collectives (nécropoles), témoignent de pratiques funéraires avec des rites plus ou moins codés (inhumation, crémation, incinération, avec manipulation ou non des corps). Le débitage lithique est orienté vers la fabrication d’armes de jet et d’outils pour travailler des matériaux végétaux, carnés et l’os.

Mésolithique_Luxembourg
Microlithes mésolithiques (Luxembourg)
Sépulture Mésolithique



Sépulture de Loschbour (Musée National d'Histoire et d'Art  Luxembourg)
hameçon


Hameçon en os



Le Néolithique est  marqué par de profondes mutations techniques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’une économie de production basée sur l’agriculture et l’élevage, qui implique le plus souvent une sédentarisation.  Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie, de la céramique et l'invention du tissage. Le mot  Néolithique signifie littéralement "Âge de la pierre nouvelle", il a également été souvent qualifié d’Âge de la pierre polie bien que le polissage soit déjà connu au Paléolithique supérieur même s’il est très rare. Par ailleurs, les outils polis ne sont pas les seuls utilisés au Néolithique et le façonnage par percussion ou par pression est toujours pratiqué. La révolution culturelle de cette époque est le développement de l’agriculture. La chasse et la cueillette continuent à fournir une part substantielle des ressources alimentaires mais l’agriculture et l’élevage jouent un rôle de plus en plus important. L’agriculture entraîne l’adoption d’un habitat sédentaire et l’abandon du nomadisme des groupes de chasseurs-cueilleurs paléolithiques et mésolithiques. L’expression « révolution néolithique » a été utilisée pour souligner le changement radical et rapide marqué par le passage d’une économie de prédation (chasse, cueillette) à une économie de production (agriculture, élevage). Toutefois, l’adoption de l’agriculture n’est ni synchrone ni universelle. Il existe encore de nos jours quelques groupes de chasseur-cueilleur ou de pasteurs nomades.

Plutôt qu'une époque, le Néolithique est considéré par certains auteurs comme un stade culturel défini par un ensemble de traits techniques, économiques et sociaux.

Un des foyers de néolithisation les plus anciens se situe  au Moyen-Orient vers 10 000 ans. Les nouvelles connaissances et les nouvelles pratiques gagnent progressivement  l'Europe de l'Ouest et le pourtour de la Méditerranée à partir de 6 500 av. J.-C. (8 500 ans B.P.) La fin du Néolithique est également marquée par l'émergence de la métallurgie (Âge des métaux) .


Le polissage de la pierre
 
La technique du polissage est utilisée dès le Paléolithique supérieur pour des matériaux tendres mais elle se généralise au Néolithique avec le développement des travaux de défrichage liés à l’agriculture. Les outils de pierre polie étaient réalisés à partir de roches dures (silex, roches vertes, basaltes par frottement sur un polissoir (grès, granite, silex…). Pour fabriquer une lame de hache, l’artisan taillait d’abord un biface par percussion puis l’usait sur un polissoir ; il fallait une vingtaine d'heures de travail pour certaines grandes haches. Le soin apporté à la confection des outils polis n'a donc pas seulement des motivations techniques mais également esthétiques et sociales. Les techniques de taille elles-mêmes étaient très perfectionnées (réalisation de pointes de flèches très fines).


La Céramique

L'utilisation de terre cuite est attestée dès le Paléolithique supérieur,  des figurines animales en terre cuite d'Afrique du Nord ont été estimées à 20 000 ans BP, mais c'est au Néolithique que cette technique se développe. La poterie (au sens originel de fabrication de récipients en terre cuite) fait son apparition au Japon vers 15 000 ans B.P., vers 9 000 ans B.P. en Iran. Les rares restes d'étoffe montrent que le tissage avait été également découvert.


hache




Hache en pierre polie
poterie

Poterie néolithique (Luxembourg)
pointe

Pointe de flèche en silex
Artisanat du Néolitique


L'agriculture et l'élevage

 Vers la fin du IXe millénaire av. J.-C., les groupes humains, déjà en partie sédentaires, commencèrent à y domestiquer les animaux (mouton, chèvre) et les plantes (blé, orge suivis de légumineuses).  Les animaux ont été d'abord domestiqués pour leur viande, mais aussi pour leurs productions complémentaires (lait, laine, cuir) ; l'utilisation de leur force de travail, comme animaux de trait, de bât ou de selle, intervint plus tard. Le types de plantes et d'animaux domestiqués dépend du groupe humain. Le blé, l'orge et les légumineuses comme le mouton et la chèvre ont été domestiqués au Moyen Orient (Mésopotamie), le mil, le sorgho et l'igname en Afrique sub-saharienne, le buffle et les volailles en Indes, le riz en Extrème Orient, le maïs au Mexique, les haricots, la pomme de terre au Pérou...Le chien a été domestiqué vers 10 000 ans av. J.-C. en Europe du Nord-Ouest.
 La chasse et la pêche sont cependant encore longtemps utilisées parallèlement à la culture et à l'élevage.


La sédentarisation et les premières villes

L'apparition de l'agriculture est l'une des innovations néolithiques les plus lourdes de conséquences au niveau de l'organisation sociale. L'agriculture impose généralement de se fixer de quelques mois, le temps de faire les récoltes, à quelques années, le temps que la terre s'épuise. Des constructions durables apparaissent, en torchis et en pierre, remplaçant les huttes de peaux des chasseurs-cueilleurs. Quand ces constructions se regroupent, naît alors le village. L'une des plus anciennes agglomérations est celle de Jéricho : les premières constructions de pierre y sont datées d'environ 9 000 ans av. J.-C. La gestion des travaux de la terre faits en commun, celle des réserves de grain, la direction de la défense du territoire contre les voisins dans un monde devenu trop plein, tout ceci conduit à l'apparition d'administrations, d'États et de conflits entre eux. Les inhumations collectives d'individus de tout âge et sexe, dont certains portent des des pointes de flèches fichées dans leurs os, sont les plus anciens témoins de guerre.


L'art

L'art néolithique est extrêmement diversifié dans ses expressions. Les préoccupations esthétiques au Néolithique s'expriment à travers la décoration des objets utilitaires (céramique, haches polies) mais aussi par la réalisation de sculptures, de parures et d'œuvres rupestres dont certaines ont une signification religieuse probable. Des empilements de pierres énormes comme les dolmens,  des dalles de plusieurs mètres (mégalithes)  disposées en alignement ou en cercle sont interprétées comme des manifestations religieuses (sanctuaires?)


sépulture simple

(a) Un exemple de sépulture néolithique: le mort a été couché sur le coté (décubitus latéral); des poteries ont été disposées près de la tête(DRAC Picardie)

Dolmen
(b) Dolmen des Eves, Sainte Suzanne, France(Wikipedia)

Stonehenge
(c) Monument mégalithique circulaire de Stonehenge, Angleterre (Wikipedia).
 

Tassili
Peinture rupestre de Tassili (Wikipedia)
gravure_Carnac
Gravure (Carnac)
Collier Carnac

Collier (Carnac)

6. L'âge des métaux= temps historiques

Les plus anciens signes d’écriture ont été retrouvés essentiellement à Uruk (Irak), ancienne capitale du pays de Sumer ; on les a datés d’environ 3300 avant J.-C. L’apparition de l’écriture coïncide avec l’essor des villes, dans des sociétés en mutation, où viennent de pénétrer l’invention de la roue et la technique du cuivre moulé et qui possèdent déjà tout un répertoire de signes et de symboles dans leurs arts plastiques. Elle annonce la fin des temps préhistoriques et le début de l'Histoire.

écriture cunéiforme

Ecriture cunéiforme (pour la traduction de la phrase, voir  http://classes.bnf.fr/dossiecr/sp-cune4.htm)

 


SOURCES DES ILLUSTRATIONS

Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris
Institut de Paléontologie Humaine, Paris
Musée de Paléontologie Humaine de Terra Amata, Nice
Musée de Préhistoire des Eyzies de Tayac
Musée d'Angoulème
Encyclopédie Wikipedia
National Geographic Society
Neanderthal Museum (Allemagne)
National Science Museum (Tokyo)
Ministère de la Culture
Musée National d'Histoire et d'Art  Luxembourg
 

LIENS INTERNET

http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_ergaster

http://classes.bnf.fr/dossiecr/in-cunei.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_habilis

http://cylaix.com/cariboost1/

http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/chauvet/fr/

http://www.prehistoirepaca.com

http://prehisto.ifrance.com

http://www.museedecarnac.com/neolithique.htm




OUVRAGES et PUBLICATIONS

Boscherens H. et Mariotti A. (2002) - Paléoenvironnements et paléoalimentations: biochimie isotopique des vertébrés. in Géologie de la Préhistoire, J.C. Miskovsky éd., Géopré, p. 1323-1339.

Pelegrin J. et Soressi M. (2007) - Le Châtelperronien et ses rapports avec le Moustérien. Les Néandertaliens. Biologie et cultures. Paris, Éditions du CTHS, 2007 (Documents préhistoriques ; 23), p. 283-296

Otte M. (1998) - Contribution moustérienne au Paléolithique supérieur. in : Les Premiers hommes modernes de la Péninsule Ibérique : actes / du Colloque de la Commission VIII de l'UISPP (Vila Nova de Foz Côa, 22-24 octobre 1998), p. 9-24.