Compromis survie / reproduction et flexibilité reproductive chez une espèce invasive, Drosophila suzukii – Stage Master 1

Les traits d’histoire de vie, ensemble des événements de nature démographique survenant au cours de la vie des individus, sont intimement liés à leur valeur sélective (fitness). Cependant, les ressources nécessaires à la croissance, la survie et la reproduction étant généralement limitées, l’allocation de celles-ci en faveur d’un trait d’histoire de vie se fait souvent aux dépens d’un autre, de sorte que les espèces évoluent non pas en maximisant l’ensemble de leurs traits d’histoire de vie, mais plutôt en adoptant des stratégies d’histoire de vie variées en fonction des contraintes sélectives imposées par leur environnement.

Ainsi, chez de nombreuses espèces, un investissement reproducteur important à un moment donné réduit les chances de survie et donc de reproduction future : il existe un compromis évolutif (trade-off) entre reproduction présente et reproduction future. Face à ce compromis, les organismes adoptent des stratégies d’histoire de vie variées : dans la nature, il existe un large éventail de stratégies allant d’espèces très longévives produisant des descendants « au compte-goutte » sur une longue période, à des espèces produisant un grand nombre de descendants lors d’une vie très courte.

De plus, certaines espèces vivant dans des environnements variables ou imprévisibles ont développé au cours de leur évolution une grande flexibilité qui leur permet d’ajuster rapidement leur investissement reproducteur en fonction de la qualité perçue de leur environnement. Dans ce contexte, nous nous intéressons à Drosophila suzukii, une espèce invasive de drosophile originaire d’Asie appartenant au sous-groupe melanogaster, récemment introduite en Amérique du nord (2008) et  en Europe (2009). Des travaux récents réalisés au sein de notre laboratoire indiquent que D. suzukii possède une grande flexibilité reproductrice : les femelles adultes émergent avec des ovarioles totalement vides d’œufs et semblent ensuite capables de moduler leur investissement reproducteur en fonction de la quantité et de la prédictibilité de leurs ressources alimentaires. On observe qu’elles peuvent soit produire des œufs en grand nombre lorsque leur survie est fortement compromise (on parle d’investissement terminal), soit au contraire résorber les œufs déjà produits et nettement prolonger leur survie, et donc leurs chances de reproduction future, dans un environnement précédemment très contraignant mais dont la qualité s’améliore.

Le stage consistera à confirmer et affiner ces résultats, en étudiant comment varient l’investissement reproducteur et la longévité de femelles adultes de D. suzukii confrontées à des environnements de qualités plus ou moins variables (qualité constante, en augmentation ou en diminution). Au laboratoire, la/le stagiaire réalisera des expériences simples consistant à faire varier la qualité des ressources nutritives fournies au stade post-émergence, avant de mesurer un assortiment de traits d’histoire de vie sur les individus issus des différents traitements. Les données seront ensuite mises en forme et analysées à l’aide de tests statistiques appropriés.

Mots-clés
Drosophile, espèce invasive, histoire de vie, investissement reproducteur, compromis survie / reproduction

Structure d’accueil
Unité Edysan FRE3498
laboratoire BIPE
33, rue saint-Leu – Amiens

Contacts
Adèle Mennerat – adele.mennerat@u-picardie.fr
Le stage sera co-encadré par Adèle Mennerat, Aude Couty et Géraldine Doury.

Le dossier de candidature, constitué d’un CV et d’une lettre de motivation, est à envoyer par email au responsable de stage.